• Chapitre 48

    Chapitre 48


    - SHIN !!!


    La voix de Rentarou résonna à travers le stade entier.


    A terre, le petit rouquin sembla le seul à ne pas percevoir le puissant cri. Son esprit cessait de penser au match et à son impossible chance de victoire. Son adversaire était celui qui lui avait enseigné le tennis. Il connaissait le moindre de ses défauts et pouvait parer n'importe laquelle de ses techniques puisque celui-ci les avait toutes déjà vues et analysées.


    Au même moment, l'arbitre descendit de sa chaise perchée et s'avança en direction du joueur effondré sur la terre battue. Il s'immobilisa à sa hauteur et commença à lui parler mais chacun de ses mots furent recouverts par quelqu'un s'exprimant beaucoup plus fort.


    - Shin, n'abandonne pas ! Tu peux le faire ! Relève-toi et affronte-le !


    En entendant ces paroles, l'arbitre se retourna et aperçut Rentarou. Il se détourna de Shintarou et alla à la rencontre de l'adolescent aux lunettes sombres.


    - Tu n'as pas le droit de communiquer au joueur ainsi.


    - Par contre, on a le droit de frapper son adversaire ? assena furieusement Rentarou.


    - Il n'est pas prouvé que les coups d'Uchita-kun soient volontaires, dit l'arbitre en poussant un faible soupir. Selon les trajectoires, cela peut être accidentel.


    - Monsieur, est-ce que vous aimez le tennis ? demanda Rentarou en tentant de se calmer.


    - Comment ça ? Bien sur que oui, répondit-il sans comprendre le sens de la question.


    - Et quel style de jeu préférez-vous ? Un jeu où on essaie d'envoyer la balle là où l'adversaire ne peut l'atteindre ? Ou alors un jeu où on frappe l'adversaire directement pour le forcer à abandonner ?


    A cette seconde question, l'arbitre comprit à présent le sens de la précédente. Il n'osa d'ailleurs pas y répondre. En son âme et conscience, l'homme se plaisait à assister à des matches emplis de suspense, où l'on se demanderait à quel endroit tomberait la balle et si elle serait retournée ou non. Cependant en tant qu'arbitre, il ne pouvait pas le dire et devait se conformer aux règles.


    Rentarou devina ses doutes en lisant son regard confus et son absence de réponse. Il en profita pour poursuivre son argumentation.


    - De plus, Shin a été très courageux. Il a reçu quatre balles lors du premier jeu. Il n'a jamais rien dit. Il n'a pas exprimé sa douleur. Il a continué à encaisser sans se plaindre. Vous connaissez beaucoup de personnes qui supporteraient d'être frappés d'une balle sans se plaindre ensuite ?


    Le lycéen géant se tut un court instant et reprit de suite.


    - De plus, si je me souviens des règles, quand un joueur est accidentellement touché par une balle, il a le droit de réclamer un arrêt temporaire du jeu, non ?


    - C'est vrai, confirma Raphael en prenant la parole pour la première fois. Environ cinq à dix minutes, le temps de vérifier qu'il n'a rien de grave.


    - Puisque Shin n'a jamais réclamé de pause et il a reçu cinq balles, n'est-il pas en droit de réclamer vingt-minutes de pause pour se remettre ?


    Écoutant avec attention ces arguments, l'arbitre les valida mentalement. En tenant compte du point du règlement cité par Raphael, cela devenait possible d'autoriser à Shintarou un temps de repos sans le favoriser au profit de Ryuutarou.


    - Soit. J'accorde une demie-heure avant la reprise du match.


    Rentarou remercia l'arbitre en s'inclinant très respectueusement du buste et il retourna s'asseoir sur sa chaise. L'adolescent décida qu'il était temps de s'occuper de son ami roux.


    - Shin, lève-toi ! As-tu l'intention de passer ta vie à regretter les erreurs du passé ? Si tu choisis de rester le même, tu n'évolueras pas ! Si tu ne veux plus craindre ce passé, affronte-le ! Et si tu veux l'affronter alors lève-toi ! Debout !


    Depuis le début des négociations avec l'arbitre, Shintarou avait légèrement redressé sa tête en direction de son ami. Les agissements de Rentarou l'avaient interpelé et l'avaient touché en plein cœur. Ses mots d'encouragement, il avait toujours souhaité les entendre, tout en espèrant que ce soit de la bouche du premier ami qu'il pensait s'être fait.


    Après la conversation avec sa grande sœur, Shintarou s'était résolu à abandonner le tennis pour se concentrer uniquement sur ses études. Cependant en entrant au lycée de Ryoko Gakuen, il avait fini par entendre parler du club de tennis. Très vite, son amour et sa passion pour ce sport le reprirent et n'avait jamais pu se le cacher. Il adorait le tennis de toute son âme et rien ne l'amusait plus que de disputer ou d'assister à un match. Pas même le meilleur jeu vidéo qui soit !


    En rejoignant le club, le rouquin avait voué à ne plus utiliser son potentiel et feindre un niveau de débutant. Le garçon voulait paraître ordinaire pour ne pas attirer des gens désireux de profiter à nouveau de son talent.


    A la lueur des événements survenus, Shintarou comprit enfin quelque chose d'important seulement aujourd'hui. Il réalisa pourquoi sa sœur lui avait dit que Ryuutarou et lui n'avaient pas été réellement amis. En amitié, il n'y avait pas un qui donnait et l'autre qui recevait.

     

    L'amitié était un échange. On devait donner un minimum de sa personne pour recevoir une quantité infinie de sentiments d'une autre. Lorsque cet échange se produisait, tout devenait possible.


    - Shin, lève-toi ! tonna Rentarou encore une fois.


    - Il ne reste plus que treize minutes, signala la voix d'Uegami.


    - Lève-toi, Shintarou ! cria Raphael.


    Le jeune homme aux cheveux roux ferma les yeux et sourit. Il se remémora de sa conclusion. Tout devenait possible quand l'amitié s'installait. Etirant son bras, sa main tâtonna le sol jusqu'à serrer le grip de sa raquette, le jeune homme se releva.


    - Ryuutarou ! appela t-il avec fermeté.


    Son adversaire, se trouvant sur son banc le temps de la pause, tourna la tête en entendant son nom. Il se leva et marcha vers le filet pour savoir ce que lui voulait son ancien partenaire.


    - Ce qui s'est passé entre nous, Ryuutarou, au collège, ce n'est pas de l'amitié !


    - Tu comprends enfin ? répliqua t-il avec mépris. Le sentiment d'amitié dont parle les gens n'existe pas. Les humains sont naturellement égoïstes et pensent seulement à eux sans se soucier des autres.
    - Tu as tort, cingla Shintarou. Je peux te dire ce que signifie l'amitié réellement !


    - On dirait que tu ne changes vraiment pas, railla Ryuutarou.


    - L'amitié se définit par différents actes spontanés que l'on fait sans réfléchir, en pensant juste au bien de la personne. Par exemple, en courant sous une pluie battante et en la cherchant puis lui parlant des heures, quitte à passer la semaine suivante au fond de son lit avec un rhume et une fièvre montant à 40°.


    Des images de Seiichi venu le réconforter suite à sa dispute de Raphael traversèrent l'esprit de Shintarou. D'autres vinrent aussi montrant son ami était couché dans son lit.


    - Des amis n'hésitent pas à violer la moitié du règlement de l'école pour aider un camarade ou aller le soutenir quand il ne se sent pas bien.


    Les souvenirs de l'expédition organisée quand Rentarou restait enfermé dans sa chambre ou celle faite suite à l'affaire de tricherie aux examens trimestriels manigancés par Noguchi inondèrent aussitôt son esprit.


    - Un ami tente par tous les moyens de protéger les rêves et les projets d'un ami quitte à le faire souffrir sur le moment.


    Il se souvint de sa dispute avec Raphael quand celui-ci lui avait annoncé ne plus vouloir jouer en double avec lui et leur réconciliation ayant eu lieu un peu plus tôt dans la matinée.


    - Tous ces exemples que je t'ai cité, je l'ai personnellement expérimenté. J'ai ressenti les sentiments que cela procure. Cela m'amène à ma conclusion. L'amitié est un échange. Chaque personne doit donner un peu d'elle pour recevoir beaucoup d'une autre.


    Brusquement, le regard de Shintarou se durcit. Il pointa sa raquette vers son rival, menaçant. Celui-ci recula par crainte d'être frappé sans se souvenir que le jeune rouquin n'était absolument pas d'une nature à frapper quelqu'un.


    - Tu es vraiment une personne triste, Ryuutarou.


    - Cesse un peu tes simagrées ! Je suis très bien comme je suis !


    - Peut-être pour le moment. Cependant si tu ne te décides pas à changer, c'est toi qui finiras un jour tout seul avec tes regrets pour seuls souvenirs de ta jeunesse !


    Sans laisser le temps à son ancien ami de répondre pour se défendre, Shintarou se tourna en direction de la chaise dans laquelle était postée l'arbitre.


    - Je suis prêt à reprendre le match, monsieur !


    - Tu en es certain, Fujita-kun ? Il te reste encore six minutes, annonça l'arbitre.


    Un rictus apparut sur le visage de l'adolescent aux cheveux roux. Il passa en même temps sa langue sur le bord de ses lèvres comme le faisait tout le temps de Tyro au moment de lancer son service.


    - Je suis prêt à anéantir mon rival !


    L'arbitre annonça donc la reprise du match. Shintarou inspira profondément en allant se placer sur la ligne de service de son côté du terrain. Il ferma à moitié les yeux, fit rebondir longuement sa balle puis la roula de nombreuses fois dans sa main avant de la lancer en l'air.

     

    Il la frappa immédiatement avec sa raquette. Elle partit à toute vitesse disparaissant du champ de vision général. Quelques secondes plus tard, à la stupéfaction générale, sept ombres apparurent en tournoyant en cercle tout près de Ryuutarou. Ce dernier chercha à deviner laquelle correspondant à la balle sans avoir le moindre indice.


    Soudain les ombres cessèrent. La balle surgit de l'une dans un rebond et retomba sur la ligne de service adverse sans avoir pu être touchée.


    - Qu'est-ce que c'était ça ? demanda Uegami avec stupéfaction.


    - Shintarou possède une telle technique ? s'intrigua Raphael.


    Kurata, qui ne montrait pourtant jamais ses émotions publiquement, réagit fortement en se levant de son banc et en criant :


    - Ce n'est pas possible !


    Une seule personne de l'assistance ne fut absolument pas surprise d'une telle prouesse. Elle ne cessa de sourire ses lunettes de soleil foncées.


    - Phantom Ball, murmura t-elle.

     

     

     

    ***

     

     

     

    Lors du premier Samedi où Shintarou devait enseigner à Rentarou ce qu'il savait des effets, le rouquin emmena son ami sur un court public de Tokyo très éloigné de leur lycée et à l'écart du moindre spectateur.


    La première heure, ils laissèrent les raquettes et les balles de côté. Shintarou énuméra les effets principaux, expliqua comment les réaliser et nota les avantages et inconvénients de chacun d'entre eux.


    Les deux heures qui suivirent, tous deux utilisèrent les raquettes. Le rouquin montra à Rentarou comment pratiquer chaque effet précédemment décrit. Comme à l'accoutumée, le jeune colosse se montra très doué pour appliquer les choses apprises récemment.


    Après cela, Shintarou décida de montrer sa fameuse technique personnelle secrète. Il se plaça sur la ligne de service, ferma à moitié les yeux, fit rebondir longuement sa balle, la roula de nombreuses fois dans sa main avant de la lancer en l'air et la frappa immédiatement avec sa raquette. Elle partit à toute vitesse. Rentarou la distingua mais éprouva une étrange une étrange sensation. Comme si ses yeux voyaient plusieurs balles.


    Quelques secondes plus tard, il aperçut sept ombres sur le sol non loin de lui tournant en cercle et remarqua aussi de nombreuses balles jaunes faisant le tour au-dessus. En même temps, ses yeux le piquèrent et lui firent très mal. L'effet de la balle cessa rapidement. Elle rebondit d'une des ombres et alla toucher la ligne de service.


    Courant vers le filet, Shintarou sauta par dessus pour retrouver son ami qui se frottait encore ses yeux.


    - Comment était-ce ?


    - C'était quoi, Shintarou, ce coup ? Combien de balles as-tu utilisé ?


    - Une seule, répondit-il malicieusement. Cependant elle devait être lancée à 300 km/h.


    Le rouquin passa en même temps sa main sous son tee-shirt pour en extraire un chronomètre. Il appuya sur un bouton et lut un chiffre.


    - Seulement 290 km/h.


    Rentarou plissa son front pour marquer sa surprise de découvrir une vitesse si élevée pour une balle de tennis. Même dans les rallyes et rodéos sauvages auxquels il avait participé dans les rues de sa cité plus jeune, les voitures n'atteignaient pas la moitié d'une telle vitesse.


    - C'est impossible !


    - Pourquoi ça ? Il n'y a que 30 km/h d'écart avec les tiennes.


    Très détendu, le rouquin avait croisé ses bras derrière la tête et paraissait beaucoup s'amuser du visage actuel de son compagnon.


    - Mes balles ne sont pas …


    - En moyenne, tu lances ton Invisible Server entre 250 et 260 km/h. De plus, lorsque tu utilises de puissants coups avec ta simple force, il t'arrive d'atteindre 275 km/h au maximum.


    - Je ne pensais pas du tout que mes balles étaient si rapides, fit Rentarou interloqué.


    - Pourtant elles le sont. Tu sais, le record mondial de la balle la plus rapide est de 251 km/h. Les plus grands champions quand ils jouent lancent entre 220 et 230 km/h.


    Rentarou siffla d'admiration. Il se sentit très fier d'être capable de dépasser les records établis par les plus grands champions de cette planète.


    - Je m'en doutais que tu ignorais tout cela, continua Shintarou. Cependant tu es toujours capable de voir une balle à cette vitesse. En théorie, elle devient si rapide que pour un œil humain normal qu'elle disparaît de son champ de vision.


    Shintarou marqua une courte pause pause pour laisser Rentarou intégrer ces notions et reprit.


    - Pour cette raison, ma Phantom Ball est une balle sur laquelle j'exerce de nombreuses rotations ajoutée à une vitesse incroyablement élevée. Le résultat est que l'adversaire ne voit que plusieurs ombres tourner sur le sol sans savoir d'où elle sortira.


    - C'est impressionnant, s'exclama Rentarou soufflé.


    - Cependant une telle technique ne peut pas être utilisée par n'importe qui. Il faut posséder quelque chose de spécial. Quelque chose que toi et moi avons.


    - Qu'est-ce que c'est ?


    Tel un professeur donnant un cours à un élève, Shintarou ne parut pas enclin à donner directement la réponse. Il préféra laisser son ami la chercher en raisonnant à partir d'indices.


    - Qu'as-tu vu quand j'ai utilisé Phantom Ball ?


    Rentarou prit son temps pour réfléchir et rassembler ses souvenirs. Il se rappelait surtout des multiples balles aperçues au-dessus des ombres. Cela n'avait pourtant pas de sens.


    - Combien de balles as-tu vu ? questionna Shintarou en constata que son élève hésitait à répondre.


    Rentarou ne comprit pas le sens de sa question. Il lui avait bien dit n'avoir utiliser une seule balle. Par conséquent, cela n'était pas logique d'en avoir vu plusieurs balles.


    - Six ou sept. Je n'ai pas vraiment compté.


    - Et tu as eu mal aux yeux en même temps, n'est-ce pas ?


    - Comment le sais-tu ?


    Shintarou rit de l'étonnement de son compagnon.


    - C'est parfaitement normal pour des personnes comme nous, Rentarou. Je possède une acuité visuelle estimée à 18/10. Pour cette raison, nous distinguons les objets invisibles aux autres. Cependant si l'effort est trop important, cela fatigue nos yeux. C'est pourquoi, je ferme souvent mes yeux à moitié quand j'utilise cette capacité. Pour les reposer.


    - Je comprend, dit Rentarou. Cela veut dire que mes yeux sont aussi développés que les tiens ?


    - Évidemment, claironna t-il avec amusement. Et si nous reprenions maintenant ?

     

     

     

     

     

    ***

     


    - Phantom Ball, murmura Rentarou.


    - Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Raphael. Je ne connais pas cette technique !


    - Elle a été imaginé par Shin. C'est une balle incroyablement rapide. Si rapide que l'adversaire ne peut pas la voir. Il ne distingue que l'ombre au sol. Cependant le mouvement est si rapide qu'il en voit plusieurs et ne peut pas dire d'où elle sortira.


    - Une balle fantôme … , lâcha Uegami qui avait écouté très attentivement ces explications.


    - Je n'arrive pas à croire que Shintarou ne m'ait pas montré ça, s'écria Raphael.


    - Cette balle, c'est sa fierté, indiqua Rentarou. Pour la montrer aux autres, il devait se débarrasser des sentiments qui l'embarrassaient liés à son passé.


    Derrière le grillage du court, Kurata, qui ne s'était toujours pas rassis, se retourna vers ses équipiers.


    - Comment sais tu tout ça, Satsuma ?


    - Shin m'a appris pas mal de choses récemment, répondit Rentarou avec humilité. Sans lui, je n'aurais jamais pu battre Katsuo-sempai.


    Scrutant le visage du lycéen géant face à lui, Kurata le dévisagea longuement.


    - Tu n'as jamais été blessé, n'est-ce pas ?


    Rentarou sourit malicieusement. Il ne lui servit plus à rien de mentir à présent. L'adolescent leva son bras et lui fit faire plusieurs tours.


    - Ca alors ? Mon bras est déjà guéri ! s'exclama-t-il en feignant très mal l'étonnement.


    Kurata n'ajouta rien et ne formula même pas la moindre réprimande pour avoir dit un mensonge sur sa condition physique. Il se contenta de se retourner et de se rasseoir sur le banc sans accorder un autre regard à Rentarou. Celui-ci se demanda les pensées de son buchou à son égard mais n'eut absolument pas le temps d'utiliser ses méninges pour réfléchir à cette question. Il désirait trop assister au match de Shintarou.


    Après ce second service qui lui avait permis d'égaliser lors du second jeu de ce match, le score actuel était de 15-15. Shintarou choisit de ne pas refaire sa technique secrète. Il se contenta donc de lancer normalement un service plus traditionnel.


    Bien que la balle demeura rapide, elle resta visible. Ryuutarou n'eut aucun mal à la retourner et visa les jambes de son adversaire. Cependant Shintarou n'avait pas l'intention de subir une nouvelle douleur. Il laissa venir la balle venir et descendit sa raquette contre ses jambes en serrant le grip de ses deux mains. Lorsque la balle atteignit presque le cordage, le jeune homme releva sa raquette et frappa. La balle monta en hauteur. Sa main gauche lâcha immédiatement sa prise. La balle redescendit ensuite à la verticale et il la frappa à nouveau en concentrant toute sa force dedans en un terrible smash. Elle retomba de l'autre côté du terrain sans que son adversaire puisse faire quelque chose.


    Shintarou joua encore un service en le lançant très faiblement sans exercer aucune force ni vitesse dessus. Évidemment son adversaire la retourna facilement en visant à nouveau son rival. Cependant celui-ci ne la laissa même pas approcher. Depuis la ligne de service, il se contorsionna et réalisa une pirouette lui permettant de sauter et d'atteindre le filet au moment où arriva la balle. Le jeune homme la frappa à ce moment d'une grande force que Ryuutarou ne sut pas non plus arrêter. Pour son dernier service du jeu, il en employa très rapide auquel s'ajouta un effet spécial. Quand son adversaire s'en empara, celui-ci eut beau réussir à la frapper, elle partit en sens inverse et roula jusqu'à la dernière ligne blanche du côté droit de son terrain.


    - C'est un effet qu'Ochibi a utilisé ça, se souvint Nagai, les mains accrochées au grillage.


    Égalisant au terme de ce second jeu, Shintarou marqua son premier point. Ryuutarou servit à son tour. Il choisit d'envoyer sa balle en y incorporant un effet. Elle décrivit une spirale en arrivant vers le côté de Shintarou. Celui-ci se contenta de sourire. Observant attentivement la rotation, le rouquin devina facilement sa trajectoire, la reçut facilement contre le cordage de sa raquette et la retourna en l'expédiant à l'autre bout du terrain adverse. Ryuutarou tenta de courir mais échoua à l'avoir. Il recommença plusieurs fois. Chaque fois, son rival analysa correctement la trajectoire prise par ses balles et les attrapa facilement. Shintarou feintait aussi pour les retourner. Parfois, il tentait un lob quand son adversaire était éloigné du filet.

     

    D'autres fois, le jeune homme se contentait de l'expédier le plus loin possible sur la dernière ligne du court. Ryuutarou perdit donc son tour de service et son adversaire remporta son second point.


    Pour le quatrième jeu, Shintarou ne put résister davantage à l'envie de montrer sa technique secrète qui le rendait si fier de lui et utilisa Phantom Ball.


    Fermant les yeux à moitié, il fit rebondir longuement au sol puis rouler plusieurs fois sa balle dans le creux de sa main avant de la lancer et de la frapper plusieurs fois. Elle disparut du regard de tous – ou presque tous – et on ne vit que des ombres dansant et tournoyant sur le sol avant qu'elle ne sorte dans un rebond, retombe et aille rouler à l'autre bout du terrain. Il employa cette technique tout le long de ce jeu.


    Pendant la durée du jeu, Shintarou pensa amèrement au moment où il avait mis au point ce fameux coup de balle fantôme. Le jeune homme venait tout juste de passer en seconde année de collège et avait tenté d'imaginer pendant les vacances de printemps, le coup lui semblant le plus parfait qui soit. Il s'était ensuite décidé à essayer de transformer son rêve en réalité et s'était senti incroyablement de fier la première fois qu'il était parvenu à réaliser cette technique au bout de onze semaines de travail. Le rouquin s'était encore entrainé pour la perfectionner puis n'avait plus été capable d'attendre et s'était empressé de montrer le résultat à son ami. Cependant celui-ci lui avait dit que c'était une mauvaise technique qui ne serait jamais acceptée. A l'époque, Shintarou avait accepté le verdict sans protester même si cela lui avait brisé le cœur.


    Aujourd'hui, l'adolescent comprenait que Ryuutarou s'était moqué de lui. Son ancien partenaire l'avait laissé jouer au tennis car il avait besoin de lui. Cependant il avait restreint ses capacités et l'avait empêché de connaître son don. Il l'avait obligé à sceller Phantom Ball. Son esprit comprenait très bien pourquoi. Son rival ne souhaitait pas à avoir à se confronter à un adversaire tel que lui. Malheureusement, ses efforts avaient échoué. Malgré ses tentatives, la frêle et discrète chenille venait de se métamorphoser en un superbe papillon qui déployait maintenant ses larges ailes colorées pour s'envoler vers le haut et vaste ciel.

     

    A la suite du quatrième jeu remporté encore une fois par Shintarou, le service revint à nouveau à Ryuutarou. Nerveux, celui enragea de constater que son adversaire avait déjà marqué trois points et lui un seul. Il ne voulut ne plus laisser son adversaire mener la partie et choisit de revenir à sa stratégie du départ mais modifia l'idée de base. l'adolescent lança sa balle et l'envoya très haut dans les airs. Elle traça une trajectoire en demi-cercle si haute que même Rentarou n'aurait pu l'atteindre en sautant. Celle-ci redescendit en piqué subitement et rebondit sur la ligne de service pour toucher ensuite le dos de Shintarou qui essayait déjà de la suivre, les yeux levés au ciel. Surpris, le garçon ne put retenir un cri de douleur et tomba à terre.


    - Il a recommencé ! cria Rentarou agacé.


    Rapidement, l'arbitre descendit de sa chaise et rata même un barreau de l'échelle tant il se pressa mais put par chance se rattraper. L'adulte courut vers Shintarou pour s'assurer que celui-ci allait bien mais le rouquin s'était relevé avant son arrivée.


    - Je suis prêt à reprendre, répliqua Shintarou en serrant fort son grip de raquette.


    - Attendez un moment, s'exclama l'arbitre avec autorité. Je ne tolérerais plus le moindre coup qui sera porté à l'un des joueurs à partir de maintenant. La prochaine fois, j'annule ce match et le déclare comme une défaite pour vos deux équipes ! Compris ?


    - Je n'ai pas visé son dos, prétendit Ryuutarou en s'avançant vers le filet. C'est un malheureux concours de circonstances dû à un mauvais rebond.


    - Menteur ! l'accusa Shintarou en le foudroyant du regard.


    - Ca suffit ! les interrompit l'arbitre d'une voix ferme. Je sais que je ne peux pas prouver que c'est volontaire. Cependant je prends tout de même la décision de ne plus accepter aucun point résultant d'une frappe au corps !


    Il s'arrêta de parler et s'avança vers le filet pour être à la hauteur de Ryuutarou.


    - Uchita-kun, sais-tu pourquoi tous ces gens qui remplissent ce si vaste stade sont présent aujourd'hui ? Ils sont venus assister à un match de tennis ! Ce n'est pas un jeu de massacre ! Si tu as besoin de pratiquer un sport où tu dois blesser ton adversaire, abandonne le tennis et inscris-toi à un club de boxe !


    Le ton était tellement dur et plein de reproches que Ryuutarou n'osa pas broncher. Il baissa les yeux. Ce n'était qu'une pure marque de politesse plutôt que de reconnaître ses erreurs. Satisfait de sa leçon, l'arbitre se tourna afin de s'adresser aux deux jeunes tennismen.


    - A présent, reprenons !


    Dès qu'il retourna s'asseoir, le match reprit. Ryuutarou comprit son incapacité à se servir de sa stratégie principale. Le buchou de son club ne lui pardonnerait une défaite pour une telle raison n'aimant déjà pas beaucoup son style de jeu. Contraint de renoncer à ses habitudes, le jeune homme employa un service plus traditionnel. Shintarou fondit dessus et le retourna immédiatement avec un lob qui passa sous l'aisselle gauche de son adversaire et tomba à terre. Habitué à son propre style, Ryuutarou n'osa bouger craignant de la recevoir.


    - C'est près du corps mais je ne t'ai pas touché, répliqua Shintarou. Je ne t'ai même pas frôlé.


    Tremblant encore, Ryuutarou se ressaisit. Il relança sa balle. Son adversaire la renvoya et celle-ci passa très près de son cou ne laissant que trois centimètres de distance. Cela suffit pour faire paniquer l'adolescent aux cheveux blonds qui s'effondra à genoux au sol.


    - Tu ne peux pas me faire ça, haleta t-il, le corps parcouru de tremblements.


    - Je n'ai pas fait de faute, déclara Shintarou d'un ton très distant dont il n'était absolument pas coutumier avant de se tourner vers l'arbitre. N'est-ce pas ?


    - Exact. J'ai interdit les balles touchant le corps. Cependant rien n'interdit de passer près de l'adversaire tant que celui-ci n'est pas atteint par la balle.


    - Mais c'est dangereux ! s'offusqua Ryuutarou. Un peu plus et il m'aurait blessé !


    - Tu m'as blessé toi aussi, rappela Shintarou. Pas seulement moi. Depuis que tu joues en solo au tennis, combien de personnes en as-tu blessé ? Combien sont allées à l'hôpital à cause de toi ?


    En disant ces mots, le regard du jeune homme se durcit comme s'il prononçait une condamnation.


    - Je vais te faire payer les souffrances qu'ils ont endurés à cause de toi ! A présent, lève-toi !


    Tremblant toujours de peur comme un enfant apeuré, Ryuutarou se leva péniblement. Il scruta autour et s'aperçut que même ses équipiers ne le soutenaient pas. l'adolescent se sentait horriblement seul sur ce court en cet instant et craignait d'être blessé. Il se doutait que Shintarou ne cherchait pas à le blesser lui. Cependant une balle pouvait très bien le toucher par accident. Elles passaient si près de son corps. Il ne voulait pas être blessé. Son esprit lui remémora la liste des nombreuses victimes lors de ses matches. Le jeune homme ne voulait pas terminer comme elles. Il ne voulait se retrouver à l'hôpital jusqu'à la fin du lycée et peut-être meme garder des séquelles.


    Essayant de rassembler son courage, Ryuutarou lança sa balle et s'apprêta à la frapper avec sa raquette mais rata son geste. Cela lui fit perdre ce qui lui resta de confiance en lui et augmenta sa nervosité. Il prit une nouvelle balle de la poche de son short. Ses genoux ne cessèrent de trembler en même temps. Le sol finit par se dérober sous ses pieds quand il réussit à lancer sa balle qui tomba alors dans le filet.


    - Je … Je ne veux pas … , murmura t-il en haletant.


    Posant les mains sur la terre battue, l'adolescent ne cessa de haleter et de trembler. Il parut incapable de se relever. L'arbitre descendit une nouvelle fois de sa chaise et s'avança cette fois en direction de Ryuutarou.


    - Est ce que tu vas bien, Uchita-kun ?


    En entendant cette phrase, celui-ci se redressa et répondit très énervé :


    - Non ! Vous pensez que je peux aller bien ? Je suis en train de risquer ma vie ! Allez dire à cet idiot d'arrêter de me viser tout de suite ! Si une balle me touche, que ferais-je ?


    - Trouillard, lâcha froidement Shintarou.


    Ayant posé sa raquette sur son épaule droite, le jeune homme roux toisa son adversaire, son ancien partenaire et ami, avec un mélange de mépris et de pitié.


    - Quand tu es blessé, tu dois apprendre à supporter ta douleur et à vivre avec. La vie est faite de choses très multiples et diverses mais elle comporte beaucoup de douleurs. Si tu ne veux pas souffrir alors c'est que tu es un lâche ! Tu as peur de souffrir et d'avoir mal !


    - Fujita-kun … , commença l'arbitre en se retournant vers le rouquin.


    Écoutant les reproches que lui faisaient son ancien partenaire, Ryuutarou commença à entrevoir la vérité dans ces propos. Durant tous ses matches, chacun de ses adversaires se relevait toujours quand il le frappait avec ses balles. Ils ne renonçaient pas et ne tremblaient même pas. Tous ces gens avaient peut-être peur mais ils ne le montraient pas.

     

    A cet instant, son esprit réalisa sa différence. Il n'avait jamais reçu un seul coup mais avait craint d'en recevoir un. Pourtant Ryuutarou savait la fiabilité des tirs de Shintarou. Le rouquin ne ratait jamais sa cible et ne déviait jamais de sa trajectoire. Mais la peur paralysait chaque muscle de son corps et l'empêchait de bouger.


    Baissant la tête, Ryuutarou se sentait pitoyablement faible pour la première fois de sa vie et se souvenait maintenant des cris d'encouragements du public pour les joueurs qu'il blessait et des huées lui étant adressées. Le jeune homme avait toujours essayé de dépasser tout le monde et d'être le meilleur. En réalité, il était le dernier. L'adolescent comparait ses expériences depuis le collège avec celles de l'école élémentaire. Ils avaient raison. Le tennis n'était pas un jeu de massacre. C'était un exercice délicat où le principal intérêt résidait en le fait de trouver le moyen d'envoyer la balle hors de portée de l'adversaire.


    - J'en ai assez de vous deux, rouspéta l'arbitre qui s'était tourné vers Shintarou. Au cas où vous n'en avez pas le souvenir, vous jouez un match de demie-finale du tournoi national ! Vous n'avez pas à vous chamailler comme des gosses !


    En silence, Shintarou écouta les reproches. Ryuutarou leva la tête et reconnut l'expression sur le visage du rouquin. Il exprimait clairement comprendre avoir commis une action peu recommandable mais n'en regrettait rien. Il ne l'avait jamais vu ainsi et avait toujours considéré son ancien partenaire comme un outil. En réalité, ce dernier se montrait très courageux et sincère. Le petit rouquin l'avait toujours été mais il s'était refusé à le voir.
    Se redressant, Ryuutarou se remit sur ses jambes et s'avança jusqu'au filet.


    - Je déclare forfait, révéla t-il gravement.


    L'arbitre se retourna vivement. Il ne se serait jamais attendu à entendre une telle décision. Toutefois plus grand chose aurait pu l'étonner encore au cours de ce match.


    - Tu fuis ? assena Shintarou.


    - Non, je ne fuierais plus, répondit Ryuutarou. Tu viens de m'apprendre ce qu'était le courage et ce qu'était vraiment le tennis. Alors je ne fuierais plus maintenant.


    Surpris, Shintarou arqua un sourcil. Il se rapprocha du filet et parla plus amicalement.


    - Alors continuons à nous affronter maintenant !


    - Non, Shintarou. J'ai besoin de réfléchir à mon style de jeu. Je vais renoncer à ma stratégie. Je ne blesserais plus les autres pour gagner. Cependant …


    - Cependant ?


    - Lorsque j'aurais terminé de me remettre en question et de développer mon nouveau style, accepteras-tu de m'affronter encore une fois ? Dans un vrai match sans coup bas bien sur.


    Le petit rouquin sourit de cette conclusion si inattendue.


    - Bien sur, répondit-il en croisant ses bras derrière la tête. Enfin ça ne changera pas grand chose ! Car je te battrais quand même !


    - Quand nous nous reverrons l'année prochaine, j'aurais trouvé le moyen de contrer tes attaques ! Même ta Phantom Ball dont tu es si fier !


    Un sourire narquois se dessina sur les lèvres de Shintarou. Celui-ci murmura avec nonchalance :


    - Mada mada dane.


    - Qu'est-ce que tu veux dire ?


    Plissant son front, Ryuutarou ne comprenait pas cette réplique. Cela n'appartenait au genre de son rival de se moquer des autres en les rabaissant.


    - Ca veut dire que tu ne me battras jamais, riposta t-il en riant. Dans un an, je serais encore plus fort qu'aujourd'hui !


    - Peut-être ! Mais je serais beaucoup plus fort alors !


    Sur cette conclusion satisfaisante pour tous s'acheva ce match épique. Les deux joueurs revinrent vers leur équipe respective. Shintarou fut congratulé par l'ensemble des titulaires. Kurata lui-même le complimenta pour posséder une telle maîtrise de ses trajectoires ce qui fit rougir l'adolescent jusqu'à la racine de ses cheveux et lu donna curieusement l'impression d'avoir pris feu. Raphael félicita aussi son ami et voulut essayer de le faire parler davantage sur ses techniques mais celui-ci n'eut guère envie. Epuisé, il se concentra à dévorer des tas de biscuits et du chocolat et de boire un litre d'eau entier.


    Seul Rentarou n'adressa pas ni félicitations ni compliment. En fait, le lycéen géant passa ses nerfs sur le jeune homme assis sur le banc, en train d'ingurgiter une tablette de chocolat, etl ui reprocha d'avoir utilisé sa propre phase fétiche. Celle dite à chacun de ses matches quand il gagnait ou s'apprêtait à gagner. Indifférent aux cris de son ami, Shintarou continua à manger. Seul un très mince sourire trahit son amusement et sa satisfaction à avoir su faire sortir Rentarou de ses gonds.


    Pendant ce temps, Raphael était entré sur le court pour jouer son match, dans l'espoir que ce soit le dernier de la rencontre. Celui-ci dura moins longtemps que le précédent. Le jeune français repéra aisément les failles du jeu adverse et remporta les six jeux sans en perdre un lui-même.


    Aux termes de la rencontre, les deux équipes se saluèrent et se remercièrent pour leur participation. A présent, Ryoko Gakuen était qualifiée pour la finale du tournoi national prévue pour le 26 Février.


    Après avoir quitté le stade en compagnie de tous les titulaires, Rentarou, Raphael et Shintarou se séparèrent d'eux. Ils traversèrent la vaste place sur laquelle était aménagé le bâtiment et gagnèrent un petit square où jouaient quelques jeunes enfants. Naturellement, Shintarou se hissa sur la cage à écureuils et s'assit sur l'une des barres en équilibre parfait. Rentarou s'assit aussi sur une des barres mais beaucoup plus bas. Seul Raphael demeura sur la terre ferme et debout, la tête levée dans la direction de ses deux compagnons.


    - Comment tu te sens, Shin ? demanda Rentarou. Ca va ?


    - Tiens ? Tu n'es plus en colère ? s'amusa Shintarou sans répondre à la question.


    - Je ne veux pas parler de ça, répliqua Rentarou bougon. D'ailleurs, tu savais très bien que seul moi pouvait dire cette phrase !


    Raphael soupira. Si son équipier continuait à agir si puérilement, il ferait le jeu de Shintarou. Le jeune français se décida à intervenir, n'aimant guère perdre son temps, surtout avec des gamineries.


    - Shintarou, dis-moi sincèrement si ça va.


    - Bien sur que je vais bien, dit le rouquin en fanfaronnant. J'ai gagné un match !


    - Tu as surtout affronté un ami d'enfance. Cela a été douloureux. On l'a vu, rappela Rentarou.


    - Au début, admit Shintarou. Après que tu m'ai parlé, j'ai compris et j'ai accepté mon passé. Je me sens en paix maintenant. D'ailleurs …


    le rouquin arbora une mine à la fois soucieuse et très réfléchie. Brusquement, il sauta à terre. Son visage redevint très enfantin.


    - Allons manger des hamburgers ! J'ai faim !


    - Tu as encore faim avec tout ce que tu as avalé depuis tout à l'heure ?


    Rentarou dut se retenir à la barre au-dessus de lui. La réflexion de son ami l'avait tant surpris qu'il avait glissé et manqué de tomber. Après s'être rattrapé, le lycéen géant redescendit par prudence.


    - J'ai mangé car j'avais faim au stade, précisa Shintarou. J'avais épuisé beaucoup d'énergie.


    - Et là tu veux manger pour quelle raison ? s'enquit Raphael.


    Le petit rouquin leva vivement le bras droit et répondit spontanément dans un cri de joie :


    - Fêter la victoire ! Et on ne peut que fêter une victoire avec des hamburgers !


    Rentarou ne soupira même pas. Il commença à s'habituer à l'estomac apparemment sans fond de ses amis. Le lycéen géant se retourna pour ramasser son sac posé sur un banc proche et aperçut au ses deux meilleurs amis arrivant vers eux.


    - C'était un match trop cool, Shintarou ! s'enthousiasma Tyro.


    Pendant que le jeune passionné du tennis racontait ce qu'il avait pensé du match en question, Seiichi s'approcha de Rentarou.


    - Tout s'est bien passé ?


    - Comme sur des roulettes, acquiesça t-il. Je te raconterais.


    - J'espère bien. Je n'ai rien pu suivre depuis les gradins, se plaignit Seiichi. Tu aurais pu m'envoyer des messages de ce qui se passait.


    - Parce que tu crois que c'est possible de faire ça ? soupira son meilleur ami. Il m'aurait fallu griller tous mes crédits de tous mes portables pour te raconter un seul des événements qui s'est passé !


    - Les excuses sont faites pour s'en servir, minauda l'adolescent aux cheveux ébènes.


    - Hey ! Vous venez tous les deux ?


    Interpelés, Rentarou et Seiichi se tournèrent vers leurs amis. Pendant leur discussion, Raphael et Shintarou étaient partis en tête. Ils les voyaient approcher de la sortie du parc. Tyro les avait attendu et appelé. Cependant il montrait son habituel manque de patience en battant la mesure avec la semelle de sa basket droite.


    - On va manger des hamburgers ! Vous venez ? J'ai trop la dalle !


    Sur ce, le jeune homme aux multiples piques ne les attendit pas. Il fila rapidement rejoindre les autres. Ses deux amis l'imitèrent et lui emboitèrent le pas en se pressant.

     

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