• Chapitre 18


    Depuis la nomination de son voisin de gauche en tant que titulaire de l'équipe du club du lycée de Ryoko Gakuen, Seiichi déprimait. Son moral, peu élévé déjà d'ordinaire, n'était jamais descendu aussi bas.


    Conformément à ses habitudes, le frêle adolescent aux cheveux ébènes ne montrait aucun signe extérieur de cette souffrance. Son visage affichait la même durêté, la même inexpression. Aucune trace d'une quelconque émotion ne pouvait être lu dessus. Il savait que des rumeurs circulaient sur son compte à travers le lycée. La plupart d'entre elles le décrivaient comme un être insociable et antipathique qui refusait de se mélanger aux autres.


    Malgré sa tête penchée sur le livre que sa classe étudiait actuellement en cours de Japonais durant l'heure libre, il n'en lisait pas le moindre mot. Le jeune homme ne cessait de jeter de très discrets regards vers la gauche où la majeure partie de ses condisciples avaient rassemblé les tables pour n'en faire qu'une seule afin de disputer une partie de carte.


    - Ca ne va pas, Seiichi-kun ? l'appela Osakawa qui s'était assise à l'envers de sa chaise afin de lui parler plus facilement.


    - Je vais bien, Masako-san, mentit-il avec une parfaite habilité.


    - Tu es sur ? Tu n'as pas tourné une seule page depuis vingt minutes, lui fit-elle remarquer.


    - J'apprécie d'analyser le texte et chaque mot que l'auteur a choisi, expliqua Seiichi.


    - Je vois, dit Osakawa en lui souriant. Dis, Seiichi-kun, tu as des projets pour ce week-end ?


    Relevant la tête vers la jeune fille en face de lui, il se retint de hausser les épaules. Des projets ? A part la réalisation de ses devoirs et l'apprentissage de ses leçons, la seule chose qu'il comptait faire serait de s'asseoir devant l'étang à l'arrière du campus et d'attendre l'heure du coucher.


    - Quelques uns.


    - Je me demandais juste si tu accepterais de passer le Samedi avec moi, continua Osakawa un peu nerveuse. Mais si tu ne veux pas ou ne peux pas, ne te force pas à accepter pour moi.


    Depuis le collège, les filles étaient attirées par sa présence. Sa réserve et son côté taciturne qui faisait fuir tous les enfants à l'école élémentaire s'étaient transformées en un magnifique atout pour séduire le sexe opposé. Il savait aussi converser avec elles en les écoutant avec respect et les conseiller avec sagesse et maturité. Cela les changeait agréable de tous ces garçons qui venaient se vanter auprès d'elles et se prendre pour le centre du monde. A ces qualités se rajoutait un physique gracieux et élégant.


    Parfois, Seiichi appréciait d'être un aimant à filles. Quand l'envie le prenait, il acceptait l'invitation d'une de ses groupies et l'accompagnait où elle le désirait. Cela cassait un peu sa routine quotidienne. D'autres fois, il n'aimait pas du tout et préférait être seul.


    Aujourd'hui, son cœur ne voulut pas de la présence d'une personne à ses côtés. Il lui donna un prétexte pour décliner son invitation et se replongea dans son ouvrage.

     

    ***


    La matinée de ce premier jour de week-end se déroula de manière semblable aux précédents depuis la rentrée. Après s'être levé peu avant dix heures, il accomplit son rituel macabre, prit ensuite une douche, descendit déjeuner et étudia à la bibliothèque.


    Après le déjeuner, Seiichi n'eut pas le cœur de se replonger dans ses études ni de passer sa journée derrière le bâtiment administratif. A la place, il choisit de sortir en ville. Le jeune home erra au hasard dans les rues de la capitale en se remettant au hasard et laissa ses pas le mener vers son destin.


    L'adolescent ne souciait pas de s'éloigner ou de se perdre. Quant à son cœur, celui-ci s'était perdu dans les méandres de son existence des années plus tôt. De toute manière, il n'appartenait plus à l'espèce humaine. Seiichi se considérait comme une sorte de robot, une créature dépourvue d'âme ou de sentiments et incapable de se lier avec des êtres vivants. A l'instar des automates programmés pour éxecuter des tâches, son cerveau avait aussi reçu des ordres auxquelles il ne désobéissait jamais.


    Brusquement, ses pas s'arrêtèrent. Il retira le MPX de la poche de son pantalon et observa le minuscule écran sur lequel apparaissait l'image d'une pile vide. Après avoir enlevé les écouteurs de ses oreilles, Seiichi les rangea avec l'appareil. Dès que ses oreilles furent dégagées, celles ci perçurent de lointains cris demandant du secours.


    En entendant cet appel à l'aide, l'adolescent aux cheveux ébènes redressa la tête et courut spontanément en leur direction. Se servant de ses sens plus aiguisés que ceux du commun des mortels, il repèra facilement leur provenance. Il remonta toute une longue avenue, sauta par dessus le cabas à roulette d'une vieille dame, un groupe d'enfants et un gros chien. Ces capacités lui permettaient d'éviter ces obstacles plutôt que de perdre du temps à les contourner. Parvenu à un immeuble de cinq étage qui servait de parking, Seiichi n'hésita pas et entra.


    A l'intérieur, il suivit la voix appelant au secours et emprunta les escaliers jusqu'au troisième étage. L'adolescent aux cheveux ébènes les gravit en quelques minutes. En se dissimulant derrière une voiture en stationnement, ses yeux observèrent un curieux attroupement. Sur la chaussée, à quelques mètres de lui, une bande de mauvais garçons encerclaient un enfant de huit ou neuf ans. D'après leur apparence, le jeune homme songea que ceux-ci avaient des prédispositions pour le rugby ou le football américain. Le premier empêchait le gamin de bouger avec son pied apposé sur son ventre. Le second le menaçait. Les deux derniers regardaient.


    - Tu vas nous donner tes sous, sale gosse ! rugit celui qui parut être le chef.


    - J'ai travaillé dur pour laver les voitures ici, supplia le petit garçon. S'il vous plait ! Laissez-moi cet argent !


    - Pas question, répliqua t-il en le giflant violemment. Donne-les maintenant ou on te tape jusqu'à ce tu craches ta thune !


    - S'il vous plait ! C'est pour mon papa ! Il a été renvoyé le mois dernier et il est triste depuis ! Je veux lui acheter un beau cadeau pour son anniversaire ! S'il vous plait !


    L'enfant lutta difficilement pour ne pas montrer ses larmes et sa douleur. Seules la colère et la révolte se lisaient dans son regard. Seiichi évita de poser ses yeux sur cette scène et préféra les diriger sur le mur de béton en face de lui. Il se maudit d'être aussi faible et lâche. Avec toutes les capacités qui sommeillaient en lui, l'adolescent aux cheveux ébènes serait tellement simple de venir en aide à ce garçon et d'administrer à ces brutes une raclée que ceux-ci n'oublieraient pas de sitôt.
    Mais ses programmes de robot en lui interdisaient de mettre en œuvre ces pensées.

     

    ***


    Tremblant intégralement de peur, Seiichi baissait ses yeux vers le parquet tout juste ciré. Pour une seule seconde, il n'aurait jamais osé croiser le dur et sévère regard paternel.


    Face au petit garçon de huit se dressait fièrement Shiromiya Genichirou, le chef actuel de leur clan, un homme d'une quarantaine d'années, vêtu d'un simple kimono noir.


    - Seiichi, peux-tu me répéter ce qui est arrivé cet après-midi ? demanda l'homme d'une voix froide.
    Cela faisait cinq fois que l'enfant répétait ce même récit mais craignait trop son père pour en faire la remarque. Il recommença donc une sixième fois.


    - Je revenais de l'école, dit Seiichi d'une voix mal assurée et hésitante. Ce garçon m'a barré la route et m'a menacé. J'ai décidé de me défendre et j'ai attaqué.


    - Et quelle fut la conséquence de ton action ? enchaina son père toujours aussi froid et distant.


    - Il est tombé à terre et s'est blessé.


    - Que peux-tu dire de ton action envers notre clan ? continua Genichirou beaucoup plus sec.


    Seiichi savait la réponse à la question. Il connaissait tous les détails de ce sinistre rituel. En réalité, il ne voulait pas la dire. Au fond de lui, il sentait n'avoir rien fait de mal et éprouvait de la fierté pour son action. Après tout, combien d'enfants de son âge pouvaient se vanter de mettre à terre l'agresseur qui les menaçait ?


    - Seiichi, réponds ! lui intima le chef du clan Shiromiya d'un sifflement effrayant.


    - A cause de moi, la réputation du clan Shiromiya s'est entachée, murmura faiblement Seiichi. Cela est une horrible et douloureuse faute.


    - Plus fort ! ordonna sèchement son père en haussant le son de sa voix.


    Levant péniblement les yeux en direction du strict et sévère visage paternel, le jeune garçon réalisa que le délinquant lui avait fait beaucoup moins peur. Dès l'attaque de celui-ci, il était resté maître de lui avant de se défendre. L'agent de police, intervenu quelques instants plus tard, l'avait félicité de son courage et de son initiative en le raccompagnant à la maison.


    Cependant pour son père, cette initiative relevait de la désobéissance. Selon ses enseignements, les arts martiaux ne devaient pas servir à se protéger soi-même ni quelqu'un d'autre. Si l'on se trouvait en danger, il fallait accepter de recevoir les coups. Si on mourait dans une attaque, cela déterminait sa propre faiblesse et indiquait clairement que l'on ne méritait pas de vivre.


    Pour ne pas risquer d'impatienter son père, l'enfant répéta à voix haute, criant presque, sa phrase précédente. Par la suite, le patriarche l'autorisa à quitter la pièce et de se rendre dans sa chambre afin de méditer sur la gravité de son action.

     

    ***


    Dans le parking, l'enfant criait, incapable de se libérer du joug de ses bourreaux. Deux compères lui distribuaient des coups de pied partout sur son corps. L'un d'eux tapa soudainement si fort que le garçon fut projeté sur plusieurs mètres. Malgré les courbatures et les blessures qui l'empêchaient de bouger normalement, le petit essaya de se relever pour fuir mais le plus proche de ses assaillants lui décocha un autre coup de pied qui le jeta à nouveau au sol.


    Derrière la voiture, Seiichi ne supportait pas ces cris et cette violence bestiale. Ses yeux ne regardaient plus cette horrible scène digne d'animaux enragés. Les bruits qui parvenaient à ses oreilles lui suffisaient pour imaginer.


    Plus que tout au monde, il brûlait de désir de se précipiter au secours du garçon mais la peur, alimentée par les souvenirs de son père, annihilait cette envie.


    La meilleure solution aurait été de partir en oubliant les cris de la malheureuse victime. Cependant il se sentait incapable de fuir. La fuite était le moyen d'expression des lâches, pensait-il souvent. Seiichi préférait souffrir mentalement plutôt que d'abandonner cet enfant.


    - Victoire !


    En entendant cette jubilation du chef de la bande, l'adolescent aux cheveux ébènes se retourna et aperçut que de nombreuses pièces de monnaies rouler sur le macadam. Son yeux bleus océan se voilèrent. A force de frapper, ses agresseurs avaient du heurter l'endroit où le petit conservait précieusement son trésor.


    - Noooooon !! hurla l'enfant désespéré. Pitié ! Ne les prenez pas ! Pitié !


    Ne sachant plus se retenir, Seiichi disparut et réapparut devant le garçon. En utilisant ses pieds, il ramassa toutes les pièces et les amèna derrière lui.


    - Vas-t-en !


    - Mais ils vont t'attaquer, protesta le gamin inquiet.


    - Tu peux faire quelque chose ?


    La tête baissée, le garçon se reprocha de ne pas savoir se défendre. Il remercia brièvement son sauveteur du bout des lèvres et s'excusa de l'importuner tout en ramassant son argent. L'enfant s'empressa ensuite de décamper.


    Un des assaillants tenta de l'empêcher mais Seiichi se matérialisa devant lui et barra le passage. Le délinquant lui décocha un coup de poing mais il le bloqua avec son avant-bas. Les deux autres membres de la bande le prirent à revers. Ils essayèrent de le frapper dans le dos mais l'adolescent se retourna aisément et se protégea efficacement à chacune de leurs tentatives.


    Malgré un combat inégal à trois contre un, Seiichi se débrouillait très bien. Ses sens et son agilité lui permettaient de suivre chaque instant du combat et de réagir en conséquence. Il se servait efficacement de ses bras et ses jambes pour parer les coups sans en donner lui-même en retour. Les impacts au niveau de ses avant-bras et de ses mollets se faisaient chaque fois très violents mais il ne montra pas une seule fois si cela lui faisait mal.


    Soudain le chef de bande se joignit à sa troupe en utilisant une barre de fer ramassée quelque part dans le parking. Avec, il visa le bas des jambes de leur adversaire et le fit basculer au sol. Dès qu'il fut à terre, Seiichi sentit un de ses agresseurs apposer son pied sur son ventre de toutes ses forces. Les autres accoururent aussitôt et le rouèrent de coups. Les semelles cloutées déchirèrent les vetêments du jeune homme et déchirèrent sa chair. Du sang s'écoula de ses blessures et se répandit sur le sol. Il ne sut plus cacher sa douleur et gémit douloureusement.


    Si seulement … Si je seulement, je pouvais utiliser mes capacités. Je les mettrais tous les quatre à terre si rapidement qu'ils ne comprendraient pas de ce qui s'est passé.


    Mais si son père l'apprenait … Ce genre de choses ne devait surtout pas se produire. Celui-ci lui avait bien fait comprendre avant son départ pour Tokyo qu'à la première infraction aux enseignements du clan, il revenait directement à Kyoto. En aucun cas, le jeune homme ne voulait partir. Plutôt crever au milieu de ce parking désert, sous les coups de brutes sans cervelles, en agonisant pendant des heures à cause de la perte de son sang !


    Mourir ne dérangeait pas du tout Seiichi. Une fois que son cœur aurait cessé de battre, il n'aurait plus à souffrir. De toute manière, une existence aussi pathétique que la sienne ne manquerait à personne.


    Soudain ses oreilles entendirent un bruit sourd mais il n'était pas d'en identifier l'origine. Quelque chose tombant à terre. A la suite de ce son, les coups cessèrent. Son esprit ne comprit pas pourquoi ses agresseurs ne l'avaient pas encore achevé pas. Peut-être que ceux-ci craignaient d'être poursuivis pour meurtre ? Dépouiller des gamins était une chose. Tuer des gens, une autre.


    Curieux de connaître la raison de l'arrêt de la pluie de coups, il essaya de tourner la tête mais ses muscles lui firent si mal qu'il n'entrevit qu'un combat sans rien en comprendre. Son sens logique supposa que quelqu'un avait surpris le passage à tabac et venait d'intervenir pour lui sauver la vie. L'adolescent aux cheveux ébènes espèra que cette personne saurait triompher de ces quatre solides gaillards. Il voulait pas voir le sang de son mystérieux bienfaiteur se répandre au côté du sien et encore moins être responsable de sa mort.


    A la fin de la bagarre, on s'agenouilla devant lui et on l'aida à se relever. Seiichi se redressa lentement en s'appuyant sur le bras tendu par son sauveur.


    - Comment tu te sens ?


    - Je vais bien, murmura t-il.


    Sa réponse lui coûta une grimace dûe à la blessure à sa lèvre inférieure d'où s'échappait un filet de sang. Après s'être assuré que Seiichi pouvait tenir assis, la personne à ses côtés utilisa un mouchoir pour nettoyer les plaies sur son visage. A cette occasion, il le reconnut. Ses pupilles bleues océan s'écarquillèrent sous la surprise.


    - Sakumai-han …

     

    Machinalement, commençant à récupérer, Seiichi replaça correctement ses mèches de cheveux afin de les répartir derrière ses oreilles et de dégager son front.


    - Shiromiya, qu'est que tu fous là ? demanda Tyro.


    - Tes yeux ne fonctionnent plus ? A ton âge, cela me paraît grave et tu devrais consulter. A moins que ce ne soit un déficit intellectuel de ton cerveau. Il faut dire qu'avec tout cette vaseline dont tu asperges ta chevelure, tu dois avoir tué plus de la moitié de tes neurones.


    Tyro soupira et songea que ce garçon ne connaissait pas d'autres moyens d'expressions que le sarcasme. Il se résolut à ignorer ces désagrébles commentaires.


    - Je voulais savoir pourquoi tu t'es retrouvé impliqué là-dedans.


    - J'ai entendu les cris d'un enfant. Je suis donc venu rapidement à son secours. Au début, j'arrivais à tenir tête à ces délinquants mais un d'eux a su me prendre par surprise. Si tu n'étais pas arrivé, je ne sais pas si je serais encore vivant.


    Tyro sourit. En son for intérieur, il pensa qu'il ne serait jamais pardonné si Shiromiya était mort au cours de cette altercation. Levant la tête, le jeune homme aux multiples piques regarda ensuite autour de lui et sembla intrigué.


    - Dis, comment tu as pu entendre un gosse qui se trouvait ici ? Etant donné que tu es lycéen comme moi, tu ne peux pas posséder de voiture donc tu ne pouvais pas être dans ce bâtiment. Or, depuis la rue, c'est impossible d'entendre une voix.


    - J'ai une excellente ouïe, éluda Seiichi.


    Peu convaincu par cet argument, Tyro décida toutefois de ne pas insister. Il se douta que son interlocuteur ne voudrait pas lui répondre.


    - Au fait, le gamin que tu as sauvé, c'est lui qui m'a prévénu. J'étais très en retard, vois-tu. A cause de Susumu, mon imbécile de petit frère. J'ai dû lui expliquer son devoir de Maths en entier. Tu te rends compte ? Le jour où je devais aller voir le match de Rentarou ! Enfin ça ne t'intéresse pas ce que je raconte. Désolé. Donc je courais quand un gosse m'a percuté. J'allais me mettre à râler quand j'ai vu qu'il pleurait. Je voulais alors lui demander ce qu'il avait mais il ne m'a pas laissé le temps. Il m'a raconté que des méchants l'avaient attaqué et que ceux-ci attaquaient maintenant la personne qui l'avait sauvé. Je lui ait demandé d'où il venait et il m'a montré l'endroit. La suite tu la connais. Je me suis battu avec ces sales types.


    Malgré son propre étonnement, Seiichi écouta sans interrompre le garçon. Il ne comprit pas pourquoi. D'ordinaire, le jeune homme ne supportait pas les bavardages et répliquait toujours avec méchanceté dès qu'on lui adressait la parole. Pourtant, en cet instant, ceux-ci l'aidèrent à se sentir bien. Dans son cœur s'agitaient des sentiments que l'adolescent aux cheveux ébènes ne connaissait pas. En tous les cas, ceux-ci différaient avec l'angoisse et l'oppression qui lui étaient coutumières.


    Après avoir terminé son monologue, Tyro examina sommairement ses plaies.


    - Tu as besoin de voir un docteur. J'en connais un pas trop loin.


    Ce simple mot réussit à sortir Seiichi de son paisible état. L'angoisse et la panique convergèrent à nouveau vers son coeur. En aucun cas, il ne devait consulter un médecin. Sa famille désapprouvait la pratique de médecine et tirait une profonde fierté de n'avoir jamais besoin de cette discipline. Ils affirmaient avec force que seul un esprit fort permettait de triompher de n'importe quelle épreuve. Selon leurs croyances, il fallait accepter la mort d'une personne sans lui prêter main-forte. Elle en était la seule responsable puisque celle-ci n'avait pas su se protéger.


    - Je n'ai pas besoin, Sakumai-han, assura Seiichi en levant immédiatement. Regarde ! Tout va bien !


    - Ne fais pas le fier devant moi, répliqua Tyro en fronçant les sourcils. Tu es couvert de sang et tu as plein de blessures ! Dans ton état, tu pourrais t'évanouir n'importe où !


    - Tu t'inquiètes beaucoup trop, dit Seiichi en adoptant une voix parfaitement sereine. Je me sens très bien. Je n'ai qu'à changer de vêtements et il n'y paraitra pas.


    Tyro détestait qu'on se moque de lui. Il se leva en vitesse et appuya son index sur une partie de la joue gauche de Seiichi dont s'échappait encore un peu de sang. A sa surprise, celui-ci ne cria pas. Son visage n'eut même pas un tic. Tyro s'obstina et enfonça son doigt davantage mais l'adolescent aux cheveux ébènes ne ressentit toujours pas de douleur.


    - Tu vois ? Ceux ne sont que des blessures superficielles, déclara Seiichi quand il eut retiré son doigt de sa blessure.


    - Tu as peut-être raison mais je veux un avis médical. Je n'en démordrais pas !


    - Bon si tu insistes, je vais y aller. Cependant je veux m'y rendre seul. Toi, tu dois vite partir. Le match de Satsuma-han va bientôt commencer, n'est-ce pas ? Je ne veux pas que tu le rates à cause de moi. Allez, vas-y, Sakumai-han.


    - Un match de tennis n'est pas important !


    Arquant un sourcil, Seiichi observa longuement le jeune homme et essaya de déterminer si celui-ci se moquait ou non de lui. Sa réputation au lycée le décrivait comme un passionné de tennis qui ne pensait à rien d'autre que ce sport. Satsuma confirmait cette rumeur. Il se demanda si son interlocuteur n'avait pas pris un trop violent coup sur le crâne au cours de l'affrontement. Craignant d'être responsable de son état, l'adolescent aux cheveux ébènes songea à l'emmener consulter un médécin à sa place.


    - Tu te sens bien, Tyro ?


    Sans s'en rendre compte, l'adolescent venait d'employer son surnom au lieu du nom de famille de son condisciple.


    - Évidemment. C'est pas moi qui pisse le sang !


    - Il me semble un peu étrange d'entendre dans ta bouche qu'un match de tennis ne soit pas important. Es-tu tombé sur la tête ? As-tu mal ?


    - Tout va bien, s'esclaffa Tyro. Tu sais, j'adore regarder ou jouer un match mais il y a plein de matches et si j'en loupe un, c'est pas grave. Par contre, aider quelqu'un qui a des problèmes, ça ne peut pas attendre. C'est un truc qui doit être résolu le plus rapidement possible.


    - Il n'y a pas à se demander pourquoi Satsuma-han et toi êtes si amis, dit Seiichi d'un fin sourire.


    En son for intérieur, il pensa à son condisciple assis à sa gauche en classe. Si celui-ci se tenait devant lui, à la place de Tyro, ce dernier lui tiendrait le même discours. Seiichi culpabilisa de rejeter sans cesse la main secourante que ces deux garçons lui tendaient. Malheureusement, le choix ne lui appartenait pas.


    - Soit. Allons-y.


    - C'est pas trop tôt, soupira Tyro. C'est encore plus dur de négocier avec toi qu'avec Juneechan !


    Tandis que le garçon aux multiples piques lui emboita le pas derrière lui, Seiichi jeta de discrets coup d'œil derrière lui. Il attendit le meilleur angle pour lui fausser compagnie. Le moment arriva quand l'adolescent aux cheveux ébènes passa le premier derrière la voiture la plus proche de la porte de sortie. Il se plaqua contre la portière avant et disparut.


    - Shiromiya ? fit Tyro en atteignant la porte. Où es-tu ?


    En vain, l'adolescent regarda autour de lui et dans les escaliers à la recherche de son compagnon. Il cria aussi plusieurs fois son nom sans le moindre succès. Pendant ce temps, Seiichi l'entendit du bas des escaliers et baissa la tête d'un air coupable.


    Je suis désolé, Tyro, mais tu m'as laissé d'autre alternative.


    Abattu par ce sombre constat, le jeune homme plongea ses mains dans ses poches et quitta le bâtiment. Il s'arrangea pour ne pas être vu par les passants, à cause des tâches de sang sur ses vêtements, et circula seulement à travers de petites ruelles. Il s'arrêta uniquement quand son regard aperçut une rivière.


    En se souvenant qu'il se trouvait actuellement dans l'arrondissement de Koto, Seiichi en déduisit que celle-ci devait être la Sumida qui traversait la capitale nippone.


    Après avoir inspecté que l'endroit était désert, Seiichi descendit rapidement la pente en a-pic qui conduisait sur le sentier longeant la rive. En marchant un mètre de plus, il aurait pu s'épargner cet effort en empruntant simplement l'escalier mais le jeune homme n'aimait pas perdre son temps.


    D'un geste rapide, ses bras le débarrassèrent de son sac à dos et le posèrent sur le sol. Il s'agenouilla sur l'herbe fraiche, l'ouvrit pour en sortir un pantalon, une chemise et un mouchoir soigneusement pliés. Seiichi laissa sur le côté les habits et déplia le mouchoir. Il s'avança vers l'eau et le trempa dedans afin de nettoyer mieux son visage. Alors que sa tête se détourna, l'adolescent aux cheveux ébènes remit le mouchoir dans l'eau puis le tordit très fort pour l'essorer. Il déboutonna ensuite sa chemise et lava les nombreuses tâches de sang sur son torse et le bas de son ventre. Une fois cette besogne accomplie, il la retira et la fourra en hâte dans le sac puis enfila la nouvelle. le jeune homme continua en défaisant la pression de son jean et en baissant la braguette.


    Malgré le fait que sa tête demeurait tournée vers le pont qui enjambait la rivière, son regard aperçut toutefois ses jambes meurtries et couvertes de sang. Cette odeur qu'il sentait depuis tout à l'heure lui procurait de violents hauts de cœur. La vision de ce liquide rougeâtre déclencha un vomissement.


    Après de malaise, Seiichi prit sur lui pour laver les plaies de ses jambes. La nausée lui sembla toujours aussi proche et il lutta péniblement pour la refouler. Une fois cette tâche terminée, il se pressa de mettre son pantalon propre remisa ensuite l'ancien ainsi que le mouchoir sale dans son sac.


    Désireux de ne pas s'attarder sur ces lieux, Seiichi se leva en remettant son bien sur ses épaules et s'engagea vers les escaliers pour reprendre sa route. Il marcha au hasard dans les rues et se retrouva près du stade où se déroulait le tournoi préfectoral de tennis. L'adolescent aux cheveux ébènes pensa à son condisciple et à Tyro. Cela lui donna l'envie d'entrer. Il voulut savoir si Tyro avait pu assister à la rencontre. Là-bas, il n'apprit rien excepté que toutes les places étaient prises et que les gens ne pouvaient plus pénétrer dans l'enceinte.


    En s'éloignant du stade, soucieux, Seiichi songea à son camarade qui l'avait sauvé des mains de ces voyous et espéra que celui-ci avait pu arriver à temps. Celui-ci désirait tant assister aux matches de tennis. Il suivit une nouvelle route, en se remettant toujours au hasard, et marcha jusqu'au moment où son puissant sens de l'audition entendit un bruit étrange. D'après ses oreilles, il pensa à un objet rebondissant contre un mur.


    Seiichi était d'un naturel curieux et aimait comprendre les raisons de telle ou telle action. Parfois, cela s'avérait dangereux. Comme cette mésaventure survenue un peu plus tôt dans la journée. Il se dirigea donc d'après les sons et se retrouva dans une ruelle déserte où un adolescent faisait rebondir une balle de tennis avec sa raquette contre un mur. Il s'apprêta à partir puisqu'il avait découvert l'origine du bruit mais l'étrange chevelure du garçon l'intrigua. L'idée qui lui traversa l'esprit lui parut stupide mais le jeune homme décida tout de même de la vérifier.


    - Tyro ?


    - Qui est là ? répondit le garçon en se retournant. Shiromiya ?


    - Que fais-tu ici ? Tu n'as pas su rentrer au stade ?


    - Et toi, comment tu as su me fausser compagnie ?


    - Je n'ai pas le droit de me rendre chez un médecin.


    Stupéfait, Tyro l'observa et se demanda comment réagir face à une telle déclaration. Mais Seiichi fut encore plus surpris que lui. Il n'arriva pas à croire qu'il venait de confesser aussi facilement l'un de ses plus lourds secrets. Le plus étonnant, c'était que ses paroles semblaient sortir toutes seules de sa bouche. Comme si celle-ci fonctionnait désormais seule.


    - Je suis issu d'une famille très traditionnelle qui ne tolère pas la modernité de notre civilisation actuelle. Nous vivons comme au début du siècle dernier, comme si le temps n'avait aucune emprise sur nous.


    - Mais c'est stupide, protesta Tyro. A notre époque, on a inventé plein de trucs pour rendre la vie meilleure. A quoi ça sert de les rejeter ?


    - Ma famille possède un point de vue différent, expliqua t-il d'un air totalement détaché.


    - Mais toi tu penses comme eux ? l'interrogea Tyro un peu perdu.


    - Ce que je pense ne sert à rien. Les enfants n'ont aucun le droit de parole et les parents ont toute autorité sur eux, répondit Seiichi imperturbable.


    Tyro garda le silence un long moment. Seiichi n'ajouta rien non plus pour le briser. Finalement, détestant les périodes d'inactivité et de calme, Tyro se chargea de le dissiper.


    - Shiromiya, tu veux jouer avec moi ?


    - Jouer ? Que veux-tu dire ?


    - Ben jouons au tennis ! Je te pardonne de m'avoir planté tout à l'heure si tu joues un match contre moi ! D'accord ? Allez, ça va être amusant !


    - Tu es sûr de toi ?


    - Ne t'en fais pas, assura Tyro de manière décontractée. Je jouerais à un niveau facile pour toi.


    - Je ne compte pas de ménager, répliqua Seiichi dont les yeux bleus océan s'enflammèrent.

     

    ***


    Lorsque la rencontre du jour se termina, l'heure du couvre-feu était passée depuis plus de soixante minutes. Après avoir félicité son équipe de leur victoire sur celle de Helia Gakuen, Kurata donna l'ordre de se séparer. Chacun des membres ayant de la famille dans le public, ils repartirent tous accompagnés d'un adulte au minimum sans craindre de croiser un policier.


    Le cœur serré, Rentarou se sentit exclu de voir ses équipiers partir en compagnie de leurs parents ou de leurs frères et sœurs. Il aurait tant souhaité que sa mère puisse assister à son match et la rendre très fière.


    Son ami Matsuda lui proposa de le raccompagner dans la voiture de son père jusqu'au lycée mais il déclina la proposition. Son orgueil prenait ces marques d'attention pour de la pitié. Le jeune homme aux cheveux de jais prétexta attendre un camarade qui devait venir le chercher. Il préféra encore arpenter seul les rues obscures et passer toute la nuit dans un poste de police s'il se faisait attraper. De toute manière, ce ne serait pas la première fois.


    La main droite sur la courroie de l'étui contenant sa raquette, l'adolescent circula dans les rues désertes de la ville quand ses oreilles entendirent un bruit familier. Il devina sans effort son origine : une balle de tennis cognant contre le cordage d'une raquette.


    Intrigué et curieux, Rentarou se décida à s'intéresser qui pouvait encore jouer à une heure pareille. Il se détourna de sa route et se retrouva devant un court public. Ses yeux distinguèrent deux silhouettes en train de livrer un match. L'une d'elles lui parut en mauvaise situation puisqu'il ne cessait de rater les balles.


    Des débutants, je parie, se dit Rentarou avec amusement.


    - Ah ! Encore perdu, beugla la voix de Tyro. C'est pas vrai !


    Arquant un sourcil, Rentarou se demanda si ses oreilles ne lui jouèrent pas un tour. Il lui sembla reconnaître la voix de son ami mais le contexte ne lui parut pas du tout convenir. De plus en plus intrigué, il descendit sur le court et s'approcha de la silhouette qui ne cessait de ruminer.


    - Tyro ? C'est toi ?


    - Rentarou ? La rencontre est finie ?


    L'adolescent se retourna et le lycéen géant reconnut son ami.


    - Oui. Mais toi, que fais-tu là ?


    - Il savoure la défaite, annonça Seiichi qui s'était rapproché du filet et l'enjamba.


    - Shiromiya-kun? Mais qu'est qui se passe ici ? s'écria Rentarou en fixant alternativement les deux garçons sans comprendre.


    Tyro détailla le récit de la journée. Il lui raconta comment il était venu au secours de Seiichi, leur séparation après laquelle chacun avait poursuivi son chemin, leurs retrouvailles et son idée de disputer un match. Par contre, le garçon ne fit aucune mention sur les révélations faites par son compagnon.


    - Et tu as perdu de combien ?


    - En trois sets à 6-0 chacun, répondit Seiichi.


    - Trois sets ? Tu veux dire trois matches ?


    - En vérité, Rentarou, un vrai match se déroule en plusieurs manches nommées sets et le but est d'en remporter au moins deux. Cependant lors des rencontres de clubs d'écoles, on joue chaque match en seul set à cause de la longueur.


    Après avoir fourni cette explication, Tyro se retourna vers son adversaire.


    - Mais je ne joue que rarement contre quelqu'un en plusieurs sets.


    - Je n'ai pas de mérite. Les matches en ligue Senior se déroulent sur ce principe.


    Arquant un sourcil, Rentarou ne comprit pas la phrase. Mais la vision de la tête totalement ahurie de son ami lui permit de deviner que ces propos cachaient quelque chose d'important.


    - C'est quoi la ligue Senior ?


    - Après avoir fréquenté un club à l'école élémentaire, si l'entraineur juge que tu as un bon niveau, il te fait une lettre de recommandation pour être entrainé dans une équipe bien plus forte que celles qui jouent dans les clubs de collège, expliqua Seiichi.


    - C'est pour ça que les clubs de ligue Senior jouent seulement entre elles et jamais contre les simples clubs de collège, soupira Tyro. C'est pas juste !

    Mais tu n'avais joué en ligue Senior, Tyro ? Tu es pourtant très fort, s'étonna Rentarou.


    - Je n'ai jamais joué en club avant le collège, rétorqua Tyro avec mauvaise humeur. Aucun club ne voulait de moi en primaire car j'étais petit et faible !


    Rentarou se sentit minuscule et ridicule par rapport à ses compagnons. Il se demanda comment il pouvait se comparer à eux. Tous deux pratiquaient le tennis depuis leur enfance avec assiduité. Pourtant, l'adolescent avait su battre Tyro après seulement deux mois d'entrainement intensif. Il devait donc être fort. Par conséquent, rêver d'affronter Shiromiya et de le vaincre ne pouvait pas se révéler être une vaine utopie.


    - Shiromiya, pourquoi tu n'as pas rejoint le club ? s'enquit Tyro.


    - Enfant, j'ai commencé le tennis seulement pour échapper à la maison de ma famille. A présent que je vis à Tokyo, je suis capable d'organiser mes journées seul et je n'ai plus de raisons de jouer.


    - Je trouve ça nul de gâcher un talent pareil, bouda Tyro.


    - Qu'importe ce que je fais comme activité, j'arrêterai tout à la fin du lycée pour retourner dans le clan et me conformer à leurs décisions, exposa Seiichi fataliste.


    - Tu veux dire que c'est ta famille qui décide ton avenir ? fit Rentarou intrigué.


    - le clan Shiromiya fonctionne de cette manière depuis des siècles. Cela est inutile de chercher à aller contre ses décisions.


    - C'est pas juste ! Nul n'a le droit de décider de l'avenir d'une personne, s'indigna Rentarou. Même si nous devons la vie à nos parents, c'est pas une raison qu'ils planifient nos vies ! On a tous une personnalité différente et des tas de rêves différents que seuls nous pouvons exaucer !


    - Une réfléxion typique de Satsuma-han, sourit Seiichi.


    - Tu sais, Rentarou, il y a encore pas mal de familles dans notre pays qui régentent totalement la vie de leur enfant pour lui construire le meilleur avenir ou assurer leur succession, intervint Tyro.


    - Je n'approuve pas ça, bougonna Rentarou.


    - Tu es vraiment un idéaliste, soupira Tyro.


    - C'est pourquoi Satsuma-han pourrait être le Sauveur.


    - Qu'est que tu veux dire ? demanda Tyro intrigué.


    - Satsuma-han me fait penser à un personnage de la Bible, détailla Seiichi. D'après les écrits des chrétiens, il aurait existé une personne voyageant à travers la terre de Palestine. Dans chaque village où elle s'arrêtait, elle protégeait les faibles et apprenait aux gens comment vivre de manière juste.


    - Je ne suis pas un nouveau Jésus, protesta Rentarou.


    Même s'il avait depuis longtemps rejeté cette idéologie, l'adolescent aux lunettes nsombres pensa toutefois que sa mère était aussi pure que la Sainte-Vierge elle-même.


    - Tu penses que Rentarou est né pour sauver notre monde ? rigola Tyro.


    - Excusez-moi de gâcher votre plaisir mais il va être bientôt minuit, rappela Rentarou afin de stopper cette conversation qui l'embarrassait. Je ne sais pas pour vous mais je n'ai pas envie de passer le reste de la nuit sur un banc au poste de police.


    - Merde ! Le couvre-feu, réalisa Tyro en portant sa main à sa bouche.


    - Ce n'est pas un problème pour moi, déclara Seiichi en retrouvant sa voix froide habituelle.
    - Et si tu te fais prendre par un policier ? Ils préviendront ta famille, s'inquiéta Tyro.


    - Le policier qui m'arrêterait n'est pas encore né, répliqua Seiichi avec impassibilité.


    - Ben moi, je préfèrerais éviter les ennuis, émit Rentarou sur un ton plaintif.


    - Tu n'as qu'à venir passer la nuit chez moi, proposa Tyro. Ca raccourcira le trajet.


    Tandis que Rentarou se réjouit de cette proposition, Seiichi commença à s'éloigner sans dire un mot. Quand le lycéen géant le remarqua, il le héla.


    - Shiromiya-kun !


    L'adolescent aux cheveux ébènes s'immobilisa mais ne se retourna pas.


    - Je … je pense que ce serait cool de jouer un match ensemble. Je suis excité et impatient rien qu'à imaginer ça. On pourra faire ça plus tard ?


    - Et moi je veux jouer plein de matches contre moi jusqu'à je parvienne à te battre, renchérit Tyro.


    - Je vais réfléchir à cette suggestion, répondit Seiichi avant de se remettre à marcher.

     

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