• Chapitre 44

     


    Plus de deux semaines s'étaient écoulées depuis cette journée où Yoko avait craqué devant Rentarou. Malgré la découverte du lourd secret que portait son amie, il ne lui avait rien dit. Le lycéen géant ne savait quels mots seraient capables de l'apaiser et doutait même que ceux-ci puissent exister. Sans prononcer la moindre parole, ses bras l'avaient envellopé très fort. Au fond de lui, le souhait de ne jamais la lâcher était né. Ils étaient restés enlacés une bonne partie de l'après-midi jusqu'à ce que la jeune fille n'ait plus de larmes à verser. Elle avait senti alors un corps chaud et solide la soutenant. Sa tête s'était levée et avait croisé le regard de Rentarou. La caucasienne s'était ensuite redressée rapidement, avait bredouillé une vague excuse et était partie.

     


    Depuis ce jour, Rentarou n'avait plus reparlé à la jeune fille. Il avait bien essayé mais Yoko prenait soin de l'éviter. Grâce à sa taille et sa carrure très remarquables au milieu du flots d'étudiants dont sa tête émergeait de dix centimètres, elle le repérait vite et se cachait parmi ses camarades de classe ou changeait de direction.

     


    Peu enclin à rester sur un échec, l'adolescent avait essayé de provoquer une rencontre. La voir à son bureau au bâtiment administratif était exclu. Depuis l'affaire concernant Noguchi, celui-ci restait toujours clos. Seule son autorisation permettait d'entrer.

     


    Une fois, le lycéen géant avait imaginé l'attendre à la sortie d'un cours. Comme la jeune fille était toujours la dernière à franchir la porte, après ou en même temps que le professeur, il conservait l'espoir d'échanger quelques mots avec elle de cette manière. Cependant Onita était survenu trois minutes avant que ne retentisse la sonnerie. Incapable d'entendre une justification précise de sa bouche au sujet de sa présence dans le couloir, le surveillant avait conclu que l'adolescent séchait. Ce qui était vrai, d'ailleurs. Il lui avait donné une retenue et l'avait menaçait de la doubler si le fautif ne retournait pas immédiatement en classe. Cet incident lui avait servi de leçon. Rentarou n'avait pas recommencé cette tactique. Son esprit avait pensé à une autre.

     


    Le jeune homme allait s'asseoir l'après-midi, entre la fin des cours et le moment de se rendre au club de tennis, sur l'escalier permettant d'accéder au bâtiment administratif et faisait mine de réviser. Cependant les vents glacés et secs de ce début Novembre avaient fait déserté à l'ensemble des étudiants la cour et même l'extérieur complet du lycée. Il était donc très facile à deviner que Rentarou attendait quelqu'un travaillant au secrétariat. Or, sa relation, souvent très houleuse et conflictuelle, entretenue avec la vice-présidente du conseil des étudiants n'était un secret pour personne. Ses tentatives se soldaient toutes par un échec. Chaque fois, avant de quitter les lieux, Yoko regardait par la fenêtre d'un bureau vide situé près de l'entrée et passait par la porte donnant sur l'arrière quand elle apercevait son ami aux lunettes sombres assis sur les marches.

     


    Malgré la préoccupation éprouvée pour son amie, Rentarou avait beaucoup d'autres choses à se soucier. D'abord l'ouverture du tournoi national s'approchait à grand pas. Le Dimanche 13 se déroulerait la cérémonie qui l'inaugurerait officiellement puis les matches de la phase préliminaires auraient lieu la semaine suivant ce jour là. Il ignorait combien de matches son équipe devrait jouer. Ni quand se passerait les demies-finales. Et encore moins la finale en elle-même.

     


    Cependant Rentarou ne souciait pas de ce genre de détails. La seule et unique chose sur laquelle il lui fallait se concentrer était de gagner. Pour cela, le jeune homme s'entrainait très dur et plus longtemps que ses camarades ou ses équipiers. A part Raphael.

     


    En rentrant très tard du club, souvent après vingt heures, l'adolescent avait faim. Il avait utilisé dont ce que son corps possédait d'énergie et de ressources dans son entraînement. Malheureusement, le service assuré pour le repas du soir s'était clos une heure plus tôt.

     

     

     

    Cependant Seiichi ne le laissait jamais tomber. Le jeune ninja réclamait à la cantinière qui le servait une ration équivalente à trois parts. Toutes habituées à son solide appétit, aucune ne se posait de questions et le servait sans rechigner. Une fois à table, il ouvrait la musette apportée dans lequel se trouvait des boites hermétiques. L'opération suivante consistait à diviser en deux chaque partie de son repas et à remplir ces boites. L'adolescent aux cheveux ébènes ramenait de cette manière de la nourriture chaude et en abondance à son meilleur ami. Pendant que son camarade mangeait, Seiichi vérifiait ses devoirs faits dans l'après-midi et le week-end.

     


    En ce qui concernait les études, les élèves se concentraient sur les révisions de leurs cours. Les examens du second trimestre tombaient approximativement dans moins d'un mois. Ceux qui peinaient à comprendre un sujet refaisaient sans cesse des exercices pour le maîtriser. Ceux qui n'avaient aucun problème en particulier et connaissaient l'ensemble de leurs cours les relisaient, les approfondissaient et revoyaient leurs fiches. Même Tyro avait été surpris à plusieurs reprises à travailler. Le jeune homme n'avait pas envie de revivre l'affreux week-end expérimenté grâce à son insupportable meilleur ami deux mois plus tôt.

     


    Un matin, Seiichi se réveilla à la même heure qu'à l'accoutumée. Il partit prendre sa douche mais ne retrouva pas à sa surprise Rentarou dans la salle de bain. Cela ne s'en inquiéta pas. Ce dernier passait son temps à s'entraîner très dur pour améliorer ses capacités en tennis.

     

     

     

    Conjugué aux efforts imposés par le rythme scolaire, le jeune homme se doutait que tous ces efforts devait le fatiguer et espèrait que son camarade se repose. En vérité, Seiichi ne croyait pas en cette histoire. Il connaissait suffisamment Rentarou pour savoir qu'il était incapable de rester au lit en s'étant imposé des tâches. Toutefois, il s'accrocha encore à cet espoir.
    Après s'être douché et habillé, l'adolescent partit vers la chambre de son ami. Sans frapper, aucun des Sanonis ne frappait pour s'annoncer l'un à l'autre, il entra.

     


    La pièce était déserte. Le lit n'était même pas défait. Or, il connaissait ses habitudes. Rentarou rejetait draps et couvertures le matin à l'autre bout de son lit et les récupérait en se couchant le soir. Le jeune homme alla jusqu'au lit, l'ouvrit et toucha le matelas. Celui-ci était complètement froid, comme si son ami n'avait pas dormi ici cette nuit. Il se tourna vers le bureau et remarqua les boites du repas d'hier soir. Après un rapide examen, ses yeux aperçurent la nourriture de la veille intouchée.

     


    Soucieux, le front de Seiichi se plissa. Il se souvint avoir attendu jusqu'à vingt-deux heures son retour. Après le jeune ninja était retourné à sa chambre pour réaliser quelques exercices d'entraînements sur les inéquations bien que cela ne l'avait pas du tout amusé.

     


    En réalisant que rester ici ne lui permettrait pas d'obtenir une réponse, l'adolescent aux cheveux ébènes sortit puis descendit au réfectoire pour prendre son petit-déjeuner. Une fois servi, il chercha du regard une silhouette rousse mais ne vit personne n'y ressemblant. Seiichi devina que Shintarou avait déjà dû manger et étudiait tranquillement à la bibliothèque en attendant l'heure d'aller en classe. Quant à Takaishi, tous les membres de la bande savaient que cela ne servait à rien de l'attendre le matin. Il se réveillait toujours le plus tard possible et arrivait quelques minutes avant la fin du service du matin.

     


    Après avoir avalé son bol de riz et l'ensemble de ses pâtisseries et fruits, l'adolescent aux cheveux ébènes rapporta son plateau. Il partit ensuite vers le bâtiment des cours et s'arrêta à la salle des casiers pour prendre ses affaires de Biologie, Histoire et Anglais. En prenant son manuel pour la dernière matière, son visage afficha un sourire. Cela l'amusait toujours de penser à l'agacement de son meilleur ami pour le professeur enseignant cette matière. Il sortit de la pièce, monta directement au troisième étage, le traversa totalement jusqu'à la salle d'Economie mais ne rentra pas. Après avoir passé sa tête, Seiichi s'adossa nonchalamment contre le mur et démarra en même temps son MPX.

     


    Presque une demie-heure s'écoula lorsque Shintarou arriva vers la classe. Il s'étonna de sa présence.

     


    - Seiichi !

     


    Naturellement, le jeune ninja n'entendit pas. Par contre, ses yeux remarquèrent l'arrivée de son camarade. Sans arrêter la lecture de ses musiques, il se redressa et alla à sa rencontre.

     


    - Que fais-tu là ?

     


    - Je voulais attendre Rentarou. Tu ne l'as pas vu, Shin ?

     


    Le rouquin répondit négativement. Seiichi fronça davantage ses sourcils, inquiet.

     


    - D'ordinaire, il arrive en classe au moins quinze minutes avant la sonnerie.

     


    - Il est peut-être à l'infirmerie ? Il y a une vraie épidémie de rhume ces derniers temps !

     


    - J'y suis allé avant d'aller prendre mon petit-déjeuner, réfuta Seiichi. Il y avait cinq ou six élèves mais je n'ai pas vu Rentarou.

     


    - Eh bien, il doit s'entraîner ! Tu sais qu'il est terriblement excessif !

     


    - Mais il concilie toujours le tennis et les cours. Ce n'est pas crédible.

     


    Shintarou haussa les épaules en signe d'ignorance. Parfois, les inquiétudes de Seiichi l'énervaient même si elles se révélaient être toujours justes. Il rappela à son camarade de se rendre en classe afin de lui éviter une sanction inutile. Le petit rouquin le salua et entra dans la salle.

     


    En restant seul dans le couloir désormais désert, Seiichi patienta encore un quart d'heure mais ne vit pas son meilleur ami surgir. Il se décida à interroger son professeur titulaire. Peut-être avait-il eu vent de quelque chose. L'adolescent aux cheveux ébènes retraversa une moitié de l'étage et s'arrêta devant le bureau du professeur de Mathématique puis frappa doucement une seule fois.

     


    - Entrez !

     


    Seiichi ouvrit la porte et la referma une fois son seuil franchi. Il s'avança ensuite vers le bureau de l'enseignant. Hashimoto l'accueillit avec son sourire et sa bonne humeur habituels.

     


    - Il est rare de te voir demander quelque chose à un professeur, Shiromiya-san.

     


    - Je ne sais pas vers qui me tourner autrement, répondit Seiichi en arborant son visage impassible.

     


    - De quoi veux-tu m'entretenir ?

     


    - Rentarou n'est pas venu en cours ce matin. Je ne l'ai pas vu à l'internat. Pourriez-vous savoir quelque chose sur sa disparition ?

     


    Hashimoto sourit discrètement. Il devina l'inquiétude de son étudiant pour son camarade bien que celui-ci refusait de le montrer. Avant de lui répondre, le professeur ôta ses lunettes et prit une fine lingette peu humide dans un des tiroirs du bureau pour en nettoyer les verres.

     


    - Satsuma-kun m'a informé hier matin qu'il ne viendrait pas en cours aujourd'hui. Il m'a dit qu'il devait rendre visite à sa mère.

     


    - Sa mère ?

     


    Cette réponse surprit l'adolescent aux cheveux ébènes ce qui ne manqua pas d'échapper à l'enseignant. Il remit ses lunettes sur le bout de son nez et reprit :

     


    - Tu sais, il n'est pas tombé du ciel ton ami. Il y a une femme qui l'a mis au monde.

     


    - Je le sais, répliqua Seiichi en levant ses yeux en direction du plafond suite à la moquerie de son professeur.

     


    - Alors qu'est-ce qui t'étonne ?

     


    Seiichi hésita. Il ne voulait pas donner des informations sur son meilleur ami sans être sûr que celui-ci ne le regretterait pas ensuite. Cependant Hashimoto ne le laisserait pas partir avant que sa curiosité ne soit satisfaite. Le jeune homme se reprocha de n'avoir pas su dissimuler son étonnement.

     


    - Rentarou nous a dit qu'il a été séparé jeune de sa mère.

     


    - Vraiment ?

     


    L'information sembla peiner grandement Hashimoto. Il passa sa main sous son menton et médita quelques instants avant de poursuivre la conversation.

     


    - Il a peut-être le droit de rendre visite à sa mère de temps en temps.

     


    Le jeune ninja ne répondit rien à cette hypothèse et décida de partir. Hashimoto n'avait plus rien à lui apprendre. Il salua l'enseignant et sortit. Ne lui restant plus beaucoup de temps pour se rendre à la bibliothèque et y travailler, Seiichi décida d'aller directement en salle de Biologie. Tsukiyo Kyoko, le très jeune professeur enseignant cette matière se trouvait dans la pièce. Elle autorisa son élève à entrer et lui demanda même de l'aider à préparer sa classe en distribuant les microscopes sur chaque table et les échantillons à examiner.

     

     

     

    Après trois heures de cours, Seiichi, accompagné de Shintarou, gagna la salle de Droit afin d'aller déjeuner en compagnie de leurs amis. Aujourd'hui, la mère de Tyro avait préparé de nombreux morceaux de poulet avec beaucoup de riz à l'intention de son fils sachant que ce dernier partageait son bento avec des amis. A cela s'ajoutait les carottes et les petites patates douces ramenées par Kou.

     


    - Les mères de Tyro et de Kou doivent penser qu'on est un régiment, s'exclama Shintarou.
    Takaishi ne dit rien de la remarque mais n'en pensa pas moins. Le jeune fan de base-ball savait très bien que ses camarades et lui avalaient tous les aliments apportés. C'était très impressionnant. A eux six, ils mangeaient pour douze.

     


    - L'avantage est que nous n'aurons plus à acheter de sandwiches maintenant que Sayuri-han et Tomoka-han nous fournissent en nourriture, dit Seiichi en rognant de la viande sur un des os.

     


    - Sauf pour une certaine personne le jour où on aura du poisson, s'esclaffa Tyro.

     


    La mention explicite de leur ami absent replongea Seiichi dans son inquiétude. Il rapporta alors son entretien avec Hashimoto.

     


    - C'est cool pour Rentarou, conclut Tyro ravi. Il sera super heureux d'avoir vu sa mère !

     


    - Non, ce n'est pas cool, répliqua Kou d'une voix ferme et forte qui n'était pas la sienne.

     


    - Comment ça ? s'étonna Takaishi.

     


    - Tu n'es pas content pour Rentarou ? se fâcha Tyro.

     


    Kou retint un soupir. Les bras croisés, il ferma momentanément les yeux puis commença ses explications avant que Tyro ne s'énerve davantage.

     


    - Au Japon, une fois que les services sociaux se sont occupés d'un enfant, il n'y a plus la possibilité pour lui de retourner voir sa famille. En tout cas, pas avant sa majorité.

     


    - Mais Rentarou n'a jamais été pris en charge par eux, rappela Tyro. Il nous a dit qu'il s'est sauvé pour ne pas aller avec eux. Il a alors vécu tout seul dans les rues.

     


    - Il ne peut pas savoir où sa mère est donc, fit remarquer Shintarou.

     


    - Même s'il l'ignorait, il est assez débrouillard pour le découvrir, songea Seiichi. Il est aussi très têtu. Quand il décide quelque chose, rien ne l'arrête.

     


    En écoutant ses camarades en silence, Kou n'ajouta rien. Il essaya plutôt de se faire oublier. Lui connaissait toute la vérité sur l'existence de Satsuma Rentarou mais ne pouvait rien révéler. Son camarade ne le voulait pas. Rentarou essayait de nier encore le plus horrible événement de sa vie. Pour avoir vécu des moments très durs lui aussi, l'adolescent savait que son ami était le seul à dire la vérité un jour quand il aurait réussi à l'accepter.

     


    - Kou-kun, tu m'entends ?

     


    Émergeant de ses pensées, il tourna la tête vers Takaishi qui l'avait appelé. Également, l'ensemble de ses camarades le dévisageait.

     


    - Qu'est-ce qu'il y a ?

     


    - On se demandait un truc sur toi, répondit Shintarou. Tes parents ont divorcé et ton père a obtenu ta garde. Alors pourquoi tu vis chez ta mère ?

     


    - Simplement parce que j'ai été admis dans un lycée sur Tokyo où vit ma mère. Mon père m'a laissé partir mais …

     


    Le jeune homme s'interrompit. Penser à son père le tétanisait. Il semblait que toutes les cicatrices qui couvraient son dos, ses jambes et ses bras lui faisaient mal en même temps pour lui rappeler les souffrances endurées du temps son enfance vécue avec cet homme. Son corps entier tremblait. Dans sa tête se mélangeait ses souvenirs. Les gifles prises quand il osait lever son regard vers lui, les bouteilles jetées à travers tout quand il avait bu et qu'il fallait éviter, les coups au bâtons quand ce stupide vieux avait besoin de passer ses nerfs ou sa colère et ceux donnés dans le ventre quand Kou tombait sur le plancher. Sans parler de toutes les insultes et les rabaissements répétés.

     


    - Kou-kun ? Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Takaishi.

     


    - Ce n'est rien, répondit-il en haletant plusieurs fois. Je pensais.

     


    - Tu n'as pas terminé ta phrase, se plaignit Tyro.

     


    - Oui, tu as dit que ton père t'a laissé partir, ajouta Shintarou. Cependant tu as mis un mais.
    Kou essaya de paraître impassible pour terminer sa phrase mais il eut beaucoup de mal.

     


    - Si mon père décide un jour de me récupérer, il a tous les droits de le faire.

     


    - Mais il ne le fera pas, le rassura Seiichi en gardant son regard vers le sol au centre de leur cercle.
    - Pourquoi ça ?

     


    - Parce qu'il est simple d'esprit. Pour lui, tu représentes une bouche à nourrir. Sans parler des frais scolaires qu'il serait obligé de consentir pour assurer ton éducation en tant que tuteur légal. Il a donc tout intérêt à te laisser à ta mère.

     


    L'analyse de Seiichi rassura en effet le jeune homme. Cependant cela démoralisa complètement l'adolescent aux cheveux ébènes. Lui savait que son père était différent de celui de Kou. S'il désirait que son fils aîné, pour les besoins du clan, rentre à la maison, il n'aurait pas les moyens de l'en empêcher avant d'atteindre l'âge de sa majorité.

     


    - Tout ira bien, Seiichi, s'exclama Tyro. S'il vient ici, tu n'auras qu'à te cacher chez moi et on inventera une histoire ! On pourra dire que tu es mort par exemple !

     


    En relevant la tête, Seiichi scruta son meilleur ami toujours aussi insouciant. Cependant derrière cette apparence se dissimulait un caractère calme et sérieux.

     


    - Tu es vraiment un idiot, Tyro, commenta t-il en baissant la tête pour ne pas montrer son sourire.

     


    - Il y a une autre chose sur Rentarou …

     


    Brusquement, tous les têtes se tournèrent vers Kou. Les plus rapides furent évidemment ses deux meilleurs amis.

     


    - Vous savez quel jour où est ?

     


    - Le 11 Novembre, répondit spontanément Shintarou sur un ton d'ennui. Tanaka-sensei nous a saoulé une heure complète avec l'armistice de la première guerre mondiale !

     


    - C'est aussi le jour où est né Rentarou, révéla Kou.

     


    - C'est son anniversaire ! Mais il ne nous a rien !

     


    - Parce que tu sais nos dates de naissance, Tyro ?

     


    Un léger sourire narquois apparut sur le visage du jeune tennisman suite à la question de Shintarou.
    - Seiichi, c'est le 2 Janvier, moi le 21 Mars, Shintarou le 12 Août, Kou le 26 Septembre et Taka-chan le 26 !

     


    - Quel dommage qu'il n'ait pas autant de mémoire pour ses leçons, s'amusa Seiichi.

     


    - Sérieusement son anniversaire, c'est une date méga importante ! Y a qu'à voir avec moi ! Moi, je le dis au moins un mois avant ! Et je commence à réfléchir aux cadeaux que je veux dès Janvier !

     


    - Pourquoi ne suis-je même pas étonné ? s'enquit Seiichi d'un air stoïque.

     


    - Pour la majeure partie des gens, fêter son anniversaire est un truc très heureux, reprit Kou. On a un an de plus, on reçoit des cadeaux, on fait la fête … Rentarou n'a plus vraiment la possibilité de se réjouir avec ça.

     


    - Pourquoi ? insista Tyro.

     


    - Il a été séparé de sa mère ce jour-là.

     


    La révélation tomba comme un couperet. Un profond et long silence s'ensuivit. Tous connaissaient l'affection immense que leur ami portait à cette femme qui l'avait mis au monde. Pour eux, perdre sa mère lors du jour de son anniversaire s'avérait déjà comme un événement le plus sinistre qui soit. Cependant, pour leur ami, cela devait être pire encore.
    Durant le reste de la pause déjeuner, la bande ne dit plus rien. A part pour ranger les boites hermétiques, désormais vides, et nettoyer la salle. Ils restèrent malgré tout ensemble. Tous les cinq suivaient le cours de Chimie.

     

     

     

    Celui-ci causa quelques émotions. Comme à l'accoutumée quand Rentarou était absent, Kou se résigna à surveiller les deux catastrophes à sa table. Au début, tout se passa bien. A un moment, le jeune homme aux cheveux ras lâcha son goupillon pour nettoyer ses tubes à essai par inadvertance. L'objet roula évidemment sur le sol jusqu'à l'autre bout du laboratoire. Il dut donc abandonner sa paillasse et partir le récupérer.

     


    Pendant ce temps, les deux chimistes sous-doués se retrouvèrent laissés à l'abandon. Takaishi suggéra de ne toucher à rien en l'absence de Kou, ce qui aurait été effectivement beaucoup plus sage. Cependant l'adolescent aux cheveux ébènes n'en fit qu'à sa tête. Il examina attentivement les flacons et en sélectionna quelques uns. Takaishi décida de suivre son ami, pensant que celui-ci était sûr de ne pas commettre de bêtise. Quelques instants plus tard, plusieurs volutes de fumée noire apparurent au-dessus de leur préparation, chauffée au-dessus d'un bec bunsen, qui explosa. Cela déclencha l'alarme incendie. Plusieurs jets d'eau tombèrent du plafond, arrosèrent la salle et trempèrent les étudiants. La panique régna dans la salle et le professeur Masami eut beaucoup de mal à la calmer.

     


    Lorsque l'enseignant vint à bout de l'hystérie générale, il laissa sortir toute sa classe sauf les trois élèves de table d'où était partie l'explosion. Les adolescents firent le récit des événements avant de subir un savon magistral de l'enseignant. Celui-ci interdit à Seiichi et Takaishi de remettre les pieds une seule fois dans ce laboratoire avant de les congédier, encore très en colère.

     


    - Seiichi, je te l'avais bien dit d'attendre Kou-kun !

     


    - Pourquoi ? Mon plan a bien fonctionné.

     


    - Ton plan ? répéta Tyro en arquant un sourcil. Tu avais prévu ça ?

     


    Les mains dans les poches de son pantalon, Seiichi souriait encore de son audace.

     


    - Rentarou m'a montré les produits à ne jamais toucher un jour.

     


    - Et c'est ceux-là que tu as utilisé, déduisit Shintarou.

     


    - Ca te plaît tellement d'être renvoyé du cours de Chimie ? s'exclama Kou stupéfait.

     


    - Évidemment. Pendant que vous resterez enfermés dans le laboratoire, je serais libre de faire ce que je veux. Par exemple, mes week-ends débuteront désormais le Vendredi midi.

     


    - Veinard, grimaça Tyro avec envie.

     


    - Ca risque d'être marqué sur ton dossier scolaire, intervint Shintarou.

     


    - De toute manière, je voulais arrêter. A partir de la prochaine rentrée scolaire, j'arrête toutes mes options scientifiques.

     


    - En attendant, moi, je vais drôlement me faire disputer par mes parents, lui reprocha Takaishi.

     


    - Je ne t'ai jamais dit de m'imiter, se défendit Seiichi sur un ton faussement innocent.

     


    - Mais tu ne m'as pas dit non plus ton idée !

     


    Fermant la marche, Tyro sourit. Si l'expérience de son meilleur ami n'était absolument pas à recommander, il se sentait heureux que son camarade l'ait faite. Seiichi lâchait progressivement prise de ses démons intérieurs et s'affranchissait chaque jour un peu plus. Cependant la décision évoquée à l'instant le comblait de joie. Si son ami changeait d'orientation l'année prochaine, il choisirait sans nulle doute la filière littéraire. Cela signifiait que tous les deux seraient peut-être dans la même classe à partir de l'année prochaine.

     


    La journée se termina sans autre incident à rapporter. Contrairement aux autres soirs, Tyro décida de rester à l'internat en compagnie de Seiichi pour guetter le retour de leur meilleur ami commun. Il téléphona donc à sa mère pour la prévenir et raconta passer la nuit chez un camarade. Ils montèrent ensuite à la chambre de Rentarou. Le jeune ninja descendit à l'heure du diner manger et remporta des reliefs de son repas. Après avoir gardé une moitié dans un des tiroirs du bureau, il les donna à l'espèce de fauve sur le lit qui se régala avec.

     


    - Que fait-on, Seiichi ? demanda le vorace une fois les restes dans son estomac. Il n'y a rien ici pour passer le temps ! Il n'y a qu'une télé ennuyeuse ici !

     


    Pendant que son ami mangeait au réfectoire, le tennisman avait essayé de trouver une émission intéressante. Il avait sérieusement déchanté. Dans sa famille, Tyro avait toujours connu la télévision avec de multiples chaines et une possibilité de zapper à l'infini. Or, les télévisions mises à disposition des internes dans leur chambre ne comptaient que trois chaines. Une d'informations, une pour les documentaires et une musicale.

     


    - Si tu faisais tes devoirs et révisais tes cours ?

     


    Assis au bureau de son camarade, l'adolescent aux cheveux ébènes s'était mis au travail. Penché sur des exercices d'inéquations déjà faits en classe, il s'évertuait à les recommencer jusqu'à ne plus faire une seule erreur.

     


    - Tu plaisantes ? C'est Vendredi soir !

     


    - Comme tu veux, Tyro. Après tout, je serais là pour t'aider à réviser et à réussir le rattrapage si tu échoues aux examens de Décembre.

     


    Seiichi résista à l'envie de se retourner pour admirer la splendide tête de son ami. Il avait déjà des crampes dans le ventre à rire intérieurement. En tous les cas, la ruse fonctionna. L'adolescent ouvrit son sac et sortit du travail. Pendant que le jeune ninja était aux prises avec les chiffres, Tyro se plongea dans les révisions de Littérature et entreprit de faire des fiches récapitulant les principaux points abordés sur les oeuvres étudiées.

     

     

     

    Lorsque le lendemain matin, Rentarou revint dans sa chambre, il les trouva tous deux endormis. L'un sur son cahier remplies de nombreuses inéquations et l'autre sur le lit au milieu de nombreux livres et de feuilles bristol. Le lycéen géant sourit machiavéliquement de cette vue. L'idée qui germait dans son esprit n'était pas très correcte mais ces deux là-lui avaient aussi joué plusieurs tours peu agréables.

     


    En s'approchant des étagères, sa main se promena sur les ouvrages posés dessus et s'arrêta sur le plus lourd. Il le sortit et le lâcha. Le livre tomba fatalement sur le sol dans un grand fracas qui tira de leur sommeil les dormeurs.

     


    - Oh ! Je suis d'une de ces maladresses, dit Rentarou en adoptant un ton de fausse désolation.

     


    - Tu parles, grommela Tyro qui gisait maintenant sur le plancher.

     


    - Rentarou ! s'exclama Seiichi sans relever la plaisanterie de son ami. Quand es-tu revenu ?

     


    - A l'instant. Et j'ai trouvé des squatters. On a mis le feu à vos chambres ?

     


    - Nous étions inquiets, avoua Tyro en se redressant et s'asseyant au bord du lit. Kou nous a dit qu'hier c'était ton anniversaire.

     


    Un voile sombre recouvrit le visage de Rentarou. Son expression perdit la bonne humeur qu'il essayait de feindre.

     


    - Ah …

     


    - Il nous a dit aussi que c'était le jour où avec ta mère … Enfin tu sais quoi.

     


    - Tu peux le dire, Tyro.

     


    - Je présume que tu ne veux pas en parler, n'est ce pas ?

     


    L'adolescent aux lunettes sombres répondit d'un court hochement positif à la question.

     


    - Et tu étais parti où ?

     


    - Yokohama.

     


    Ses deux meilleurs amis savaient ce que représentait sa ville natale dans son existence. L'endroit de sa naissance. L'endroit de son enfance plus ou moins insouciante. L'endroit où se trouvait les souvenirs liés à sa mère. L'endroit de ses errances. L'endroit de ses bêtises.
    Malgré leur envie de connaître davantage de détails sur son séjour, Seiichi et Tyro respectèrent son vœu de silence et ne posèrent aucune question. Ils n'eurent d'ailleurs pas le temps de le faire. Quelqu'un frappa à la porte. Rentarou répondit d'entrer. A sa surprise, Yoko apparut sur le seuil.

     


    - Déjà ensemble de si bonne heure, s'amusa t-elle.

     


    - Tu veux me parler, Yoko-chan ? demanda Rentarou.

     


    - En fait, je voulais te donner un cadeau pour ton anniversaire, avoua t-elle en baissant le regard. Je voulais te le donner hier mais tu n'étais pas là.

     


    - Eh bien, c'est très gentil de ta part.

     


    Derrière lui, Seiichi et Tyro s'étaient rapprochés l'un de l'autre et semblaient avoir beaucoup de plaisir à assister à cette scène.

     


    - D'après Kou, il n'accepte pas de cadeaux pour son anniversaire, glissa Tyro.

     


    - Mais Yoko-han est différente. Refuser le cadeau d'un ami ou un camarade, cela se fait. Par contre, cela reste plus délicat quand il s'agit de la fille que tu aimes, chuchota Seiichi.

     


    - Mais il faudrait faire quelque chose, lui murmura Tyro. A ce rythme, ils font continuer à se parler et se voir ainsi pendant dix ans encore sans que rien ne se passe !

     


    - Ne t'en fais pas. Je vais réfléchir à un plan, lui promit Seiichi d'un sourire carnassier.

     


    - Génial, murmura Tyro.

     


    Pendant les conciliabules de ses deux meilleurs amis, Rentarou réfléchit à toute vitesse à un moyen de les faire partir sans les froisser. Il désirait s'entretenir seul à seule avec Yoko depuis si longtemps. Le lycéen géant se tourna donc vers eux.

     


    - Dites, je viens de me souvenir que j'ai oublié mon sac près du portail ou sur un banc du parc. Vous pourriez aller me le chercher ?

     


    Les deux adolescents échangèrent un bref regard d'amusement suite à cette excuse.

     


    - Tu sais, Rentarou, si tu veux être seul avec Yoko-chan, dis-nous de dégager. Ce sera beaucoup plus sincère, lança Tyro moqueur.

     


    Levant ses yeux en direction du plafond, Rentarou maudit leur sens de la répartie.

     


    - Allez voir si je suis à l'autre bout du couloir !

     


    - Voilà qui est mieux, s'exclama Tyro. Tu vois quand tu veux !

     


    Seiichi et Tyro quittèrent donc la chambre laissant Rentarou et Yoko seuls. Quand la porte se referma, le garçon soupira.

     


    - Je serais chanceux si je n'entends plus parler de ça après Noël, soupira Rentarou. Au minimum.

     


    - Je n'ai pas beaucoup de temps à te consacrer, Satsuma-kun, tenta Yoko.

     


    - Ce ne sera pas long, assura t-il. Assis-toi.

     


    Il s'assit en premier sur le bord du lit et l'invita à le rejoindre. Elle lui obéit pour une fois.

     


    - J'ai repensé souvent à ce que tu m'as dit la dernière fois.

     


    - Ne me dis que tu as de la pitié, se rebiffa Yoko. Je ne veux pas de pitié !

     


    Rentarou sourit de cet emportement. C'était la Yoko qu'il aimait.

     


    - Je ne dirais pas ça. En fait, je pense juste que tu te trompes. Tu te reproches d'être née mais nous n'avons pas le contrôle sur notre naissance. Si j'avais eu le choix, je n'aurais pas voulu naître car j'ai causé le malheur de kaasan.

     


    L'adolescent marqua une courte pause et reprit immédiatement.

     


    - Cependant nous naissons sans l'avoir demandé. C'est à nous de surmonter les obstacles liés à notre naissance, d'alléger comme on peut les fardeaux qui nous pèsent et de se créer un chemin à suivre pour vivre notre existence.

     


    Captivée par ces belles paroles métaphoriques, Yoko l'écouta sans l'interrompre.

     


    - C'est dur, très dur. Souvent, on tombe et on se fait mal. Mais si tu te relèves, tu deviens plus fort encore. Je ne sais plus où j'ai lu ça mais quelqu'un a dit un jour « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. ». Je pense que c'est vrai. Ceux sont nos expériences qui façonnent nos vies et influent sur notre personnalité. Cela ne dépend que nous d'être heureux ou malheureux.

     


    La jeune fille attendit plusieurs minutes qu'il ait terminé son discours avant de réagir.

     


    - Ca m'énerve !

     


    - Qu'est-ce qui ne va pas ? s'enquit Rentarou.

     


    - Toi, soupira t-elle en détournant le regard. Je suis sensée avoir un an et demi de plus que toi et c'est moi qui reçoit une leçon de vie de toi.

     


    - Je suis désolé, s'excusa immédiatement Rentarou en baissant la tête.

     


    Yoko pivota à nouveau sa tête vers lui et rit de sa réaction.

     


    - Je plaisantais, Satsuma-kun. Je ne suis pas du tout fâchée.

     


    Lentement, elle prit la main gauche du jeune homme entre ses deux mains.

     


    - Tu es si gentil avec moi. Tu es toujours de mon côté qu'importe ce que je fais.

     


    Devenu subitement nerveux, Rentarou se demanda ce qu'il devait faire. Seiichi et Tyro lui reprocheraient sans doute de ne pas avoir profité de ce moment de complicité de ne pas se déclarer mais il s'en moqua éperdument. Il préféra ne pas rompre la magie de ce si bref instant.

     


    - Yoko-chan, j'aimerais que tu m'appelles par mon prénom comme tous mes amis.

     


    - Tu es sûr ? hésita t-elle.

     


    - Absolument.

     


    - Comme tu veux, Sat … Rentarou-kun.

     


    Rentarou sourit radieusement. Au moins, il venait d'acquérir une petite victoire même s'il n'avait pas encore avoué ses sentiments. Cela sauverait l'honneur devant ses amis.

     


    - Ah oui ! Il y a un colis dans mon bureau. Je l'ai gardé comme tu n'étais pas là hier.

     


    Intrigué, Rentarou se demanda quelle personne pouvait lui envoyer un colis. En fait, il n'en vit qu'une et espéra que celle-ci n'avait pas dépensé son salaire du mois dernier pour lui. Le lycéen géant décida d'accompagner son amie à son bureau où elle lui remit son bien. En lisant le lieu de l'expédition, ses doutes se confirmèrent. Le jeune homme ouvrit et découvrit un ordinateur portable de dernière génération.

     


    - Qui t'as envoyé ça ? s'exclama Yoko ébahie.

     


    - Un imbécile, soupira Rentarou.

     


    - Un imbécile très riche alors. Cet ordinateur vaut plus de 200.000 Yens !

     


    - Je vais le tuer !

     


    Laissant son cadeau là, Rentarou quitta le bureau de son amie et se rendit à la salle des téléphones. Il choisit le plus proche et composa son numéro en PCV. Yushima lui répondit deux ou trois minutes plus tard.

     


    - Qui est à l'appareil ?

     


    - Tu as gagné récemment au loto ou à une tombola ? lança t-il sarcastiquement.

     


    - Rentarou-kun ? C'est toi ?

     


    - Ouais, c'est bien le gosse à qui tu as envoyé un ordi portable dernier cri pour son anniversaire. Si tu as des sous à perdre, investis-les dans une des associations qui soutient les pauvres de notre ville !

     


    - De quoi parles-tu, Rentarou-kun ? Je ne t'ai rien envoyé.

     


    - J'ai reçu un colis de Yokohama hier. Or, il n'y a que toi pour m'envoyer quelque chose, non ?

     


    - Alors c'est ça que contenait ce colis, dit la voix de Yushima.

     


    - Tu ne sais plus ce que tu envoies ?

     


    - Rentarou-kun, soupira la voix du policier. As-tu oublié ? Quand tu es venu vivre chez moi, nous avons redirigé le courrier qui t'es adressé à mon domicile. Auparavant, il arrivait à l'adresse où tu vivais avec ta mère. Par la suite, nous avons convenu que je devais t'envoyer à ton école le courrier que je recevrai pour toi.

     


    Se souvenant maintenant de cet arrangement, Rentarou rougit jusqu'aux oreilles de sa colère.

     


    - Alors … Tu as reçu un colis chez toi ?

     


    - Oui, je l'ai reçu il y a trois jours et je te l'ai envoyé avant-hier

     


    - Mais qui me l'a envoyé ? Je n'ai personne à part toi et mes amis !

     


    - Je ne sais pas du tout, Rentarou-kun. Il n'y avait même pas de nom de l'expéditeur.

     


    Soucieux, Rentarou se demanda d'où venait ce fameux colis. Pendant ses réflexions, Yushima s'intéressa à sa situation. Le lycéen géant lui parla de ses cours, traita Aizawa de mauvaise femme sans cœur, de ses sorties avec ses amis et ses entraînements de tennis. Il ne mentionna jamais ses crises d'hyperventilation et mit un point d'honneur à montrer à mentor que sa nouvelle vie se déroulerait merveilleusement bien.

     


    A la fin de la conversation téléphonique, Rentarou se replongea dans ses pensées. Aucune lettre n'était jointe au paquet pour lui permettre d'avoir une idée de son expéditeur. Un oncle ou une tante ? Un grand-père ou une grand-mère ? Quelqu'un dont sa mère ne lui avait pas parlé ? Il secoua la tête. La vie réelle ne correspondait ni aux contes de fées ni aux dramas. Ce genre de choses fréquentes dans les fictions n'arrivaient jamais dans la réalité.

     


    Par ailleurs, à sa séparation avec sa mère, cette personne l'aurait prise en charge. Elle n'aurait pas attendu sept ans.

     


    En haussant les épaules, Rentarou décida de ne pas se fatiguer à chercher son identité. Ses efforts ne serviraient certainement à rien du tout. De plus, si quelqu'un en ce monde était assez riche et généreux pour lui offrir de si beaux cadeaux, cela lui semblait stupide de ne pas en profiter.

     

     

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